Les autorités angolaises ont entériné, mardi, un accord de paix historique avec le Cabinda. Le mémorandum, entre l’Etat et le Forum cabindais pour le dialogue, met ainsi fin à plus de 30 ans d’affrontements armés et accorde un statut particulier à la riche enclave pétrolière. L’aile dure du mouvement armé séparatiste dénonce, pour sa part, une situation qui reviendrait à nier la reconnaissance d’une souveraineté revendiquée.
L’Angola enterre la hache du guerre avec le Cabinda. Le ministre angolais de l’Administration du territoire, Virgilo de Fontes Pereira, et le leader du Forum Cabindais pour le dialogue (FCD) ont paraphé, mardi à Namibe et en présence du chef de l’Etat Roberto de Almeida, un accord de paix définitif mettant fin à plus de 30 ans de conflit armé. Le Mémorandum d’entente pour la paix et la réconciliation dans l’enclave de Cabinda entérine le document signé, le 15 juillet dernier, à Brazzaville (Congo) entre les deux parties. Le Front de Libération de l’enclave du Cabinda – Forces armées combattantes (Flec-Fac) ne l’entend toutefois pas de cette oreille et appelle à de nouvelles négociations sur la base de la reconnaissance d’un Etat cabindais.
Loin du spectre de la guerre, l’enclave côtière bénéficie désormais d’un statut particulier matérialisé par l’installation d’un futur gouvernement de province. Il pourra prendre part, aux côtés de Luanda, aux décisions politiques et économiques liées à la région. Aussi bien en matière d’investissement que d’éducation, de santé, de tourisme ou d’environnement. « La paix est venue pour rester », commentait le ministre de l’Administration territoriale. Un vœu pieux que partage le FCD, créé il y a deux ans, et regroupant d’anciennes factions du Front de libération de l’enclave du Cabinda (FlEC) et des membres de la société civile. Des membres du FCD sont d’ores et déjà appelés à rejoindre le gouvernement angolais.
Un accord « nul et non avenu »
Le Cabinda, coincé entre le Congo et la République démocratique du Congo, a écrit son histoire dans le sang. Luttant pour son indépendance contre le protectorat portugais, la région a poursuivi la lutte armée contre l’Angola à laquelle elle a été rattachée après le départ des Portugais en 1975. La guerre avec les Forces armées angolaise aura fait plus de 30 000 morts chez les Cabindais et a, à jamais, marqué les mémoires. Il faut dire que pour Luanda l’enjeu est de taille. Malgré ses 10 000 km² pour 300 000 habitants, le Cabinda reste une fabuleuse corne d’abondance pour l’Angola. Riche en bois et minerais, il assure surtout plus de 70% du pétrole angolais, soit 80% des exportations nationales.
Si la paix a soulagé de nombreux Cabindais, l’accord de mardi ne fait pourtant pas l’unanimité. Le Flec-Fac le considère comme « nul et non avenu ». « Nous sommes prêts à oublier tous ces forfaits pour discuter avec l’Angola à condition que le gouvernement angolais considère le Cabinda comme un Etat souverain », a expliqué le président du Flec-Fac, Henriques N’Zita, rapporte Panapress. Il appelle à de nouvelles négociations sous l’égide des Nations Unies et de l’Union africaine car les discussions n’auraient pas « respecté les normes de loyauté et de transparence ». Reste à savoir si le chef indépendantiste joindra les actes à la parole et s’il est réellement en mesure de menacer une paix déjà fragile.