Ian Smith, ancien chef du gouvernement de la Rhodésie, actuel Zimbabwe, est décédé mardi en Afrique du Sud des suites d’une grave maladie. Il avait dirigé l’ancienne colonie britannique de 1964 à 1979. Perçu par la scène mondiale comme un raciste et un défenseur acharné de la suprématie blanche, il vouait une haine féroce à Robert Mugabe, l’actuel président du Zimbabwe.
Mardi, le dernier Premier ministre de la Rhodésie, Ian Smith est décédé, à l’âge de 88 ans, en Afrique du Sud où il était soigné. C’est en 1964 que le chef du parti baptisé le Front Rhodésien fut nommé à la tête du gouvernement. Durant sa carrière politique, il tenta d’évincer les Noirs du pouvoir en instaurant un système censitaire qui impliquait plusieurs facteurs, dont le niveau d’instruction et la propriété foncière ou immobilière. A ce propos, il avait confié à un journaliste de Jeune Afrique en 1999, « je me souviens que, lorsque mes parents incitaient certains noirs à envoyer leurs enfants à l’école, ils s’entendaient répondre : « Non, ils doivent rester à la maison et travailler la terre »».
La position de défenseur de la suprématie blanche de Ian Smith avait déclenché la colère des Noirs qui avaient multipliés des guérillas, plongeant la Rhodésie dans la guerre civile. Il avait fallu attendre 1979 et les accords de Lancaster House, proposés par le gouvernement britannique de Margaret Thatcher, pour que la situation se modifie. Ces accords prévoyaient le passage de pouvoir à la majorité noire et l’indépendance de la Rhodésie qui, en 1980, prit le nom de Zimbabwe.
Meilleurs ennemis
Après l’instauration de cette amnistie, Ian Smith ne disparut pas de la scène politique. Il resta au Parlement jusqu’à la suppression, en 1987, des sièges réservés aux Blancs. Fervent opposant à Robert Mugabe qui prit sa place à la tête du gouvernement, il ne cessa de le fustiger. « C’est un dictateur communiste. S’il prétend le contraire, ce n’est que pour amadouer les bailleurs de fonds » a déclaré Ian Smith au journal Jeune Afrique.
S’exprimant sur l’idéologie de Mugabe, l’ancien Premier ministre l’avait qualifié d’ « idéologie de conquête et de préservation du pouvoir, et ce par tous les moyens : népotisme, intimidation, corruption ». Il n’avait pas accepté la décision de l’actuel président du Zimbabwe, Robert Mugabe, d’évincer les Blancs du pouvoir.
A l’annonce du décès de Ian Smith, le vice-ministre de l’information du gouvernement zimbabwéen, Brigth Matonga, a déclaré à l’AFP, « c’est un raciste impertinent et il ne sera pas regretté. Nous lui avons tendu la main de la réconciliation qu’il n’a jamais acceptée, bon débarras ! ». Robert Mugabe avait récemment affirmé que Ian Smith, dont les forces rhodésiennes avaient tué des milliers de combattants de la guerre de libération, devait s’estimer heureux de ne pas avoir été condamné.
« Il a tué tant de nos partisans qu’ il aurait dû être décapité. Nous avons dit non, qu’il continue à porter ça le reste de sa vie. Mais la décision nous appartient et nous sommes maintenant au pouvoir », avait déclaré Robert Mugabe dans une interview télévisée.
Ces paroles auraient pu avoir plus d’impact si elles n’avaient pas été prononcées par un chef d’Etat décrédibilisé.