La mort du président vénézuélien Hugo Chavez a marqué le Venezuela. Les Africains aussi ne sont pas indifférents à la disparition de celui qui considérait l’Amérique du Sud et l’Afrique comme un même peuple.
La mort d’Hugo Chavez, emporté par un cancer à l’âge de 58 ans, a défrayé la chronique. Les journaux du monde entier ont évoqué sa disparition.
L’Afrique n’est pas non plus indifférente au décès du président vénézuélien. Sur Facebook, les messages d’adieux fusent : « Il était l’ami de l’Afrique, cet homme qui vient de mourir, il nous a montré le chemin : Hugo tu nous a quitté mais tu es toujours avec nous dans nos cœurs », indique cet internaute malien. « A 16H25 (20H55 GMT) aujourd’hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias », a posté sur sa page Facebook l’association sénégalaise de France. « La mort d’un révolutionnaire n’est pas la mort de la révolution. Indignez-vous ! », écrit cet internaute mauritanien.
Le journal Guinée info conakry a rapidement réagi à la disparition d’Hugo Chavez : « Si certains en Occident voyaient en lui un dictateur débonnaire, relève le site guinéen ; son peuple, lui, dans sa majorité, trouvait en lui le héros des pauvres et des petites gens. Sa boulimie oratoire, sa passion de la liberté pour les opprimés et son engagement sans faille pendant 14 ans au service de son pays, feront de lui un symbole de lutte avec ses faiblesses d’homme et ses forces de leader charismatique. Et il avait pour l’Afrique, souligne encore Guinée Conakry Infos, comme un respect émouvant, une espèce d’humilité féconde, en souvenir d’une histoire partagée. »
Renforcement du partenariat Sud-Sud
Le président vénézuélien a effectué de multiples voyages sur le continent pour notamment renforcer le partenariat économique entre pays du Sud. En 2006, il s’était rendu en Gambie lors du sommet de l’Union africaine, où il avait rencontré le président nigerian Olusegun Obasanjo pour que leurs deux Etats puissent coopérer. Deux ans plus tard, il a rencontré en Afrique du Sud Thabo Mbeki.
Mais sans doute la lettre qu’il a écrite pour s’excuser de ne pas avoir pu être physiquement présent lors du sommet Afrique Amérique latine Caraïbes en Guinée Equatoriale le 21 février 2013 a marqué les esprits. C’est aussi dans cette fameuse lettre qu’il a affirmé que : « l’Amérique du Sud et l’Afrique sont un même peuple ». « On réussit seulement à comprendre la profondeur de la réalité sociale et politique de notre continent dans les entrailles de l’immense territoire africain où, j’en suis sûr, l’humanité a pris naissance. De lui proviennent les codes et les éléments qui composent le syncrétisme culturel, musical et religieux de notre Amérique, créant une unité non seulement raciale entre nos peuples mais aussi spirituelle », avait écrit le président vénézuélien.
Réaction de Bouteflika
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a été un des premiers président africains à réagir à la mort de son homologue vénézuélien, saluant un homme qui marquera à jamais l’histoire de son pays, précisant avoir ressenti une « immense douleur », en apprenant la mort de son « ami le président Hugo Rafael Chavez Frias ».
Selon le président algérien, « Hugo Chavez s’est battu jusqu’au bout, comme il l’avait toujours fait pour ses idées, car il avait conscience que son destin dépassait sa propre personne ». « L’hommage que nous devons à sa mémoire, l’est aussi pour le combat de toute une nation dont il a été le porte-voix et la conscience dans la lignée d’un Simon Bolivar. A ce titre, il marquera à jamais l’histoire de son pays mais aussi de toute l’Amérique Latine », a ajouté le dirigeant, qui l’avait reçu dans son pays à plusieurs reprises entre 2000 et 2009.
Soutien farouche à Mouammar Kadhafi
Le président vénézuélien, très controversé sur la scène internationale notamment pour ses soutiens aux régimes jugés dictatoriaux par l’occident, tels que ceux de l’Iran, de la Syrie ou encore de la Libye, avait des liens particulièrement étroits avec certains chefs d’Etat africains, surtout avec Mouammar Kadhafi, dont il disait qu’il était « son ami ». Alors que le défunt leader libyen était très isolé sur la scène internationale, suite au soulèvement de son peuple contre son régime, Hugo Chavez était en effet l’un des rares chefs d’Etat à avoir pris publiquement sa défense.
Dès le départ, il s’est opposé à l’intervention étrangère en Libye, allant jusqu’à comparer Mouammar Kadhafi à un martyr. Même un an après la mort du leader libyen, il n’a cessé de lui réitérer son soutien s’attirant les foudres de plusieurs dirigeants à l’international. Lors d’une conférence de presse tenue en octobre 2012, il a déclaré : « Je ne sais pas si quelqu’un de rationnel peut être d’accord avec ce qui s’est passé en Libye. C’est barbare. J’étais très ami avec Mouammar Kadhafi, le chef de l’Etat libyen. Il a été torturé, assassiné. Les derniers mots de Kadhafi ont été : « Je mourrai comme le Che. Je vais au martyr ». Le président vénézuélien était même prêt à accueillir au Vénézuela Aicha Kadhafi, exilée en Algérie.