La coalition Alliance Fleuve Congo/M23 a nommé Erasto Bahati Musanga gouverneur de la province. Bahati Musanga, responsable des finances et des recrutements du groupe armé, sera accompagné de deux adjoints, dont Shadrack Amani Bahati. La ville de Goma a aussi ses nouvelles autorités, avec Julien Katembo Ndalieni comme maire. Toutefois, la situation reste tendue à l’Est du pays, où l’AFC/M23 consolide son pouvoir face aux autorités congolaises.
L’Alliance Fleuve Congo (AFC), un groupe armé comprenant le M23, a organisé son premier meeting dans le stade de l’Unité, ce 6 février 2025, à Goma. Au cours de cette rencontre, qui a réuni des milliers de personnes, l’AFC a exprimé son intention de poursuivre ses opérations militaires, malgré un cessez-le-feu unilatéral qu’il avait pourtant annoncé en début de semaine. De plus, l’Alliance a officialisé, le 5 février, la création d’une administration parallèle en publiant un communiqué à cet effet.
Nomination des autorités au sein de l’AFC/M23
L’une des annonces les plus importantes de cette journée fut la désignation des nouvelles autorités responsables de la gestion de la région. Erasto Bahati Musanga a été nommé gouverneur de la province sous l’égide de l’AFC/M23. Ce dernier, connu pour sa gestion des finances du groupe armé, avait été blessé lors d’une frappe de drone menée par l’armée congolaise, en janvier 2024, selon un rapport du groupe d’experts des Nations Unies. Bahati Musanga, en plus de ses responsabilités financières, est aussi impliqué dans la gestion des recrutements au sein du mouvement.
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Le communiqué du groupe a également révélé que Bahati Musanga serait épaulé par deux gouverneurs adjoints. Le premier, Shadrack Amani Bahati, est un ancien député provincial. En tant que membre de la majorité présidentielle précédente, il avait été l’un des premiers à plaider en faveur d’un dialogue avec le M23/AFC. Sa nomination montre la volonté du mouvement de structurer son administration en vue de prolonger son influence.
Nominations à la tête de la ville de Goma
En plus des postes de gouverneurs, l’AFC/M23 a désigné les nouvelles autorités de la ville de Goma. Julien Katembo Ndalieni a été nommé maire, avec à ses côtés Désiré Ngabo, qui occupera le poste de maire adjoint. Ce dernier, un ancien membre du groupe d’autodéfense local Wazalendo, a un parcours marqué par son soutien aux Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Avant sa nomination, Désiré Ngabo avait été porte-parole du NDC (Nduma Defense of Congo), un mouvement proche des FARDC.
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La présence de Désiré Ngabo au sein de l’administration parallèle instaurée par l’AFC/M23 suscite des interrogations concernant la loyauté au sein de certains groupes locaux Wazalendo, qui avaient initialement soutenu les forces gouvernementales. Alors que l’AFC/M23 continue de consolider ses positions, la justice militaire congolaise a intensifié ses actions contre ses dirigeants.
Mandat d’arrêt international contre les leaders de l’AFC/M23
Le 5 février, un mandat d’arrêt international a été lancé à l’encontre de Corneille Nangaa, coordonnateur du mouvement politico-militaire. Nangaa, en fuite, est désormais recherché par les autorités congolaises pour son rôle dans l’insurrection menée par l’AFC/M23. Un autre mandat d’arrêt a été émis contre Jean-Jacques Mamba, ancien député du Mouvement de Libération du Congo (MLC), devenu un cadre de l’AFC/M23.
Résidant actuellement en Europe, Mamba fait l’objet d’une procédure judiciaire en raison de ses liens avec le mouvement insurrectionnel. En août 2024, la justice militaire congolaise a prononcé une condamnation à mort contre les deux hommes. Ils sont accusés d’appartenance à un groupe armé illégal et de conduite de rébellion contre l’État congolais.
Une situation tendue à Goma
Cette évolution à Goma, avec la mise en place d’une administration parallèle par l’AFC/M23, intervient dans un contexte déjà tendu à l’Est de la République Démocratique du Congo. La situation sécuritaire reste fragile dans la région, avec des affrontements réguliers entre les forces gouvernementales et les groupes armés, dont le M23, qui continue de revendiquer une partie du territoire. Le mouvement a déjà été impliqué dans diverses opérations militaires.