L’Algérien Kamel Daoud et le Marocain Abdellah Taïa au sommet de la littérature francophone


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Grand prix de l'Académie française 2024
Grand prix de l'Académie française 2024 (image généré par AI)

Le Grand Prix du roman de l’Académie française, l’un des prix littéraires les plus prestigieux du monde francophone, a dévoilé le 26 septembre 2024 sa première sélection. Sur les dix romans retenus, deux œuvres d’auteurs africains se distinguent particulièrement : Houris de Kamel Daoud et Le Bastion des larmes d’Abdellah Taïa. Ces écrivains, aux parcours singuliers, représentent la richesse et la diversité de la littérature francophone contemporaine. Ils sont aussi dans la sélection pour le prix Goncourt de cette année.

Kamel Daoud : une réflexion sur la religion et l’identité

Kamel Daoud, auteur algérien à la renommée internationale, s’est imposé sur la scène littéraire avec Meursault, contre-enquête en 2014, un texte revisitant L’Étranger d’Albert Camus. Avec Houris (Gallimard), Daoud poursuit son exploration des questions de religion, d’identité et de modernité dans le monde arabe. Ce roman propose une réflexion audacieuse sur les tensions entre tradition et transformation sociétale, tout en questionnant la place du sacré dans un monde en perpétuelle mutation.

Dans une interview récente, Kamel Daoud a déclaré : « Houris est une tentative d’explorer nos contradictions face au sacré, face à cette identité figée que l’on croit immuable alors qu’elle est en constante évolution. » Ce texte, à la fois engagé et poétique, résonne bien au-delà des frontières algériennes, abordant des problématiques universelles tout en ancrant son récit dans une réalité culturelle précise.

Abdellah Taïa : une voix courageuse et singulière

Abdellah Taïa, auteur d’origine marocaine, est également en lice avec Le Bastion des larmes (Julliard), un roman qui aborde des thématiques intimes comme l’amour, la marginalisation et la quête de reconnaissance dans une société encore profondément conservatrice. Taïa, qui s’est imposé comme une figure emblématique de la communauté LGBTQIA+ dans le monde arabe, dépeint avec sensibilité les souffrances et les espoirs de ceux qui se sentent en marge.

« Le Bastion des larmes est un cri d’amour et de désespoir, un appel à l’humanité dans un monde où l’on exclut encore ceux qui aiment différemment », confie l’auteur. À travers cette œuvre, Taïa poursuit son exploration de l’exclusion et de la vulnérabilité, offrant une voix unique et indispensable à la littérature francophone.

Une diversité littéraire célébrée par l’Académie française

La présence de ces deux auteurs africains dans la sélection du Grand Prix du roman de l’Académie française témoigne d’une ouverture croissante des instances littéraires à des horizons nouveaux. Kamel Daoud et Abdellah Taïa apportent, chacun à leur manière, une contribution essentielle aux débats contemporains sur l’identité, la modernité et les tensions entre les cultures. Leurs œuvres illustrent que la littérature francophone est un espace de dialogue et de rencontre entre les mondes.

Alors que la sélection finale sera annoncée le 10 octobre et que la proclamation du prix aura lieu sous la Coupole le 24 octobre, ces deux auteurs figurent parmi les candidats les plus en vue. En effet, en plus de leur sélection pour le Grand Prix du roman de l’Académie française, Kamel Daoud et Abdellah Taïa sont également en lice pour le Prix Goncourt 2024, renforçant ainsi leur position parmi les voix les plus influentes de la littérature francophone actuelle.

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