Le gouvernement algérien compte investir environ 1,5 milliard d’euros sur deux ans pour financer la reconstruction des régions frappées par le séisme du 21 mai dernier. Et ce, en partie, grâce à la solidarité internationale.
Le séisme qui a secoué la région d’Alger le 21 mai dernier, a engendré plus de 80 000 sinistrés. Le gouvernement algérien, qui a promis de les reloger avant l’hiver, a annoncé son projet d’injecter 1,5 milliard d’euros pour financer la reconstruction de 49 localités. Les dégâts, encore en cours de prospection, augurent un grand chantier qui va probablement s’étendre au-delà des élections présidentielles de 2004. Une partie du Nord de l’Algérie, a vu des centaines d’immeubles s’effondrer, 700 habitations sont bonnes pour la démolition. C’est pourquoi la tournée du président Bouteflika pour solliciter l’aide internationale s’est avérée indispensable dans un pays où le déficit budgétaire s’envole à 7,3%. » Nous avons besoin d’aide « , a-t-il déclaré devant le Parlement européen. Dernièrement, l’Union européenne a promis de débloquer 13 millions d’euros.
La France, quant à elle, a décidé d’accorder un soutien financier sous forme d’un prêt bonifié (à un faible taux d’intérêt) de 30 à 50 millions d’euros. Et Matignon de préciser que la somme sera affectée aux » opérations d’aménagement urbain et de réparation des réseaux « . Lors du G8 d’Evian (sommet des pays les plus riches ; 1er au 3 juin 2003), les ministres des Finances ont été sollicités par leur gouvernement pour faire « des propositions concrètes sur les diverses formes nécessaires pour apporter une aide sur le moyen terme ou le long terme à l’Algérie pour compenser le choc qui l’a traumatisée ».
Les marchés de la reconstruction
Pour les autorités algériennes, très critiquées dans leur gestion du drame, il est important de redéfinir les protagonistes du plan Orsec (Organisation des secours, plan d’urgence en cas de catastrophe naturelle) : » Nous sommes passés d’une économie dirigée à une économie de marché. Lors de la catastrophe d’El Asnam [secousse meurtrière de 1980, ndlr], il était plus facile de mobiliser les entreprises étatiques, ce qui n’est plus le cas maintenant « , a déclaré le chef de l’Etat. De plus, des experts étrangers vont examiner la zone sinistrée pour déterminer les responsabilités concernant les entrepreneurs privés du secteur de la construction.
Il y a moins d’un an, un décret présidentiel avait changé la réglementation des marchés publics en privilégiant l’appel d’offres dans l’attribution des marchés publics. Le but était de faire jouer la concurrence et d’imposer plus de transparence. Cette procédure de sélection, plus longue que l’octroi des marchés de gré à gré, ne correspond pas à l’urgence de situation algérienne. De fait, la loi risque d’être amendée en faveur du contrat de gré à gré ? Mais ce retour en arrière rendrait encore pour longtemps le secteur du bâtiment bien opaque.