L’Algérie souhaite développer son tourisme, comme en témoigne l’organisation du 6è Salon international du tourisme et des voyages, à Alger, du 17 au 21 mai. Ahmed Bouchedjira, directeur de la conception et de la régulation des activités touristiques, explique comment le tourisme peut devenir un secteur économique à part entière pour son pays.
De notre envoyée spéciale
Le 6è Salon international du tourisme et des voyages Sitev 2004 ouvre ses portes, lundi, à Alger. Jusqu’au 21 mai, quelque 50 pays participants sont attendus, soit quatre à cinq fois plus que les autres années. Une cuvée exceptionnelle, à la mesure de la reprise du tourisme dans le pays. Le point sur le secteur avec Ahmed Bouchedjira, directeur de la conception et de la régulation des activités touristiques.
Qu’en est-il du secteur du tourisme, aujourd’hui, en Algérie ?
Ahmed Bouchedjira : Il y a une vraie volonté des pouvoirs publics d’en faire un secteur économique à part entière. C’est une nouvelle approche. L’Algérie ne veut plus se reposer uniquement sur le secteur pétrolier et souhaite relancer et développer le secteur touristique. En exploitant judicieusement le patrimoine et en standardisant l’activité touristique avec une mise à niveau et des normes internationales. Depuis quelques années, nous allons dans le sens d’un assouplissement des lois afin de créer un dispositif politique et législatif solide. Nous venons de mettre en place une stratégie de secteur avec des objectifs clairement établis qui sont de passer de 60 000 lits à 120 000 à l’horizon 2013. A cette date, nous projetons un flux de plus de 3 millions de touristes qui devrait générer 1,5 milliard de recettes. Nous avons établi 174 zones d’exploitation touristiques dont une vingtaine sont d’ores et déjà aménagées. Nous envisageons dans les prochaines années la création rapide de 20 000 lits supplémentaires. Ce qui permettra de créer plus de 35 000 emplois.
Quelles sont les zones touristiques les plus développées pour le moment ?
Ahmed Bouchedjira : Les oasis, le Sahara, notamment à Tamanrasset, Tipaza et Cherchell pour le tourisme culturel et d’autres régions comme celle d’Annaba où nous avons mis au point un circuit qui mène les visiteurs sur les pas de Saint-Augustin (illustre philosophe chrétien, ndlr).
Quels sont les chiffres du tourisme en 2003 ?
Ahmed Bouchedjira : Nous avons reçu 1 166 387 touristes, c’est à dire le même chiffre qu’en 1990 qui avait été une de nos années record. Cela veut dire que nous avons rattrapé ce que nous avons perdu dans les années 90, c’est un grand pas en matière de flux touristique. Ce qui a le plus attiré les touristes en 2003 reste le tourisme saharien, malgré l’affaire des otages. Nous avons accueilli entre 400 et 500 000 étrangers et entre 600 et 700 000 Algériens vivant à l’étranger.
Peut-on dire que l’Algérie est un pays sûr ?
Ahmed Bouchedjira : Notre pays a beaucoup changé. L’Algérie d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’hier, elle est très ouverte, et je peux vous assurer qu’il n’y a pas de problèmes de sécurité sur le territoire. La récente réélection d’Abdelaziz Bouteflika est un signe de continuité et de stabilité. Je dis à tous : venez voir par vous-même, déplacez-vous ! Le tourisme algérien a véritablement ouvert ses portes.
Qu’envisagez-vous pour attirer les investisseurs étrangers ?
Ahmed Bouchedjira : Les sociétés étrangères peuvent investir sans problème en Algérie. Nous nous sommes dotés d’une ordonnance sur l’investissement en 2001 qui prend en considération les investissements étrangers et permet aux sociétés de rapatrier les capitaux investis. Notre système financier et bancaire est également marqué par une grande ouverture dans le sens de la convertibilité du dinar. Il y a aussi des avantages énormes pour les investisseurs étrangers comme des dérogations, des facilités et des garanties.
Beaucoup de tour opérateurs européens regrettent la cherté des vols sur l’Algérie et le problème posé par l’obtention du visa.
Ahmed Bouchedjira : Nous avons pris en compte ces points précis. Un conseil national du tourisme, épaulé par un Comité national de facilitation doit prendre en charge toutes ces
considérations.
La destination Algérie est méconnue à l’étranger. N’avez-vous pas un problème de communication pour faire connaître vos produits ?
Ahmed Bouchedjira : Nous reconnaissons notre faiblesse en matière de communication mais faisons tout pour que cela change. D’ailleurs, la tenue de ce sixième Sitev, avec une très grande participation des journalistes étrangers, est déjà une belle opération de communication!
Qu’en est-il de la formation ?
Ahmed Bouchedjira : La formation du personnel est un élément fondamental car c’est ce qui détermine le degré de professionnalisme du secteur. Et c’est la qualité des prestations qui fait la différence entre les pays. Nous possédons plusieurs écoles de formation. Certaines vont d’ailleurs participer au Salon en exposant leurs produits et en faisant des simulations de cuisine et de pâtisserie. Nous avons quatre écoles hôtelières : à l’hôtel Aurassi d’Alger, à Tizi Ouzou, à Sidi Bel Abès et à Tlemcen, spécialisée dans l’art culinaire algérien. Il est important de noter que le secteur privé est en train d’émerger en ce qui concerne la formation. De plus, nous avons mis en place un panel d’actions sectorielles pour assurer l’augmentation de la qualité des produits algériens afin qu’ils soient concurrentiels.
Vers quel genre de tourisme se tourne l’Algérie ?
Ahmed Bouchedjira : Nous souhaitons nous démarquer du tourisme de masse à la tunisienne et nous rapprocher du tourisme marocain, plus diversifié. Nous avons six à sept
grandes gammes de tourisme à développer : saharien, culturel, balnéaire, religieux, ainsi que le tourisme de croisière, qui n’est encore qu’à l’état d’ébauche ou le tourisme thermal. Nous avons 220 sources thermales en Algérie à mettre en valeur, quelque cinquante stations thermales régionales et déjà huit stations de renommée internationale. Nous souhaitons développer le thermalisme, la balnéothérapie et nos thalassothérapies qui sont toutes remises à niveau comme celle, superbe, de Sidi Fredj, près d’Alger. Nous participerons d’ailleurs l’année prochaine au Salon de l’eau et du thermalisme qui aura lieu à Versailles, en France.
Olivia Marsaud
Visiter le site du Sitev 2004