Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a accusé, ce samedi, que la prise d’assaut de Melilla est «une attaque contre l’intégrité territoriale» de l’Espagne. Le Maroc serait-il impliqué dans cette attaque ? On sait toutefois que les autorités algériennes avaient mis en garde leurs homologues espagnols.
Les frontières espagnoles ont été prises d’assaut, tôt le vendredi 24 juin 2022, par au moins 2 000 migrants, pour la plupart originaires d’Afrique subsaharienne. Un assaut qui a fini par déboucher sur un drame, puisque des pertes en vies humaine ont été enregistrées. En effet, l’Association marocaine des droits de l’Homme avait indiqué que «le bilan provisoire dans l’attaque violente à la clôture de Melilla est de huit morts, dont deux policiers marocains et six migrants».
«Une attaque contre l’intégrité territoriale» de l’Espagne
L’AMDH a par ailleurs déploré «des dizaines de blessés dans le rang des policiers comme des migrants, dont 2 cas graves chez les policiers et 12 cas graves du côté des migrants». Lequel bilan est par la suite passé à 18 migrants décédés lors cet assaut qualifié de violent. Côté espagnol, la Délégation gouvernementale de Melilla parle d’au moins 49 gardes civils et 57 migrants qui ont été blessés, évoquant «un groupe d’environ 500 Subsahariens, parfaitement organisés et violents, a forcé le passage frontalier de Barropn Chino».
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Une invasion de migrants à Melilla, la première enregistrée depuis la normalisation des relations entre l’Espagne et le Maroc, lorsque Madrid a reconnu la marocanité du Sahara Occidental. Ce samedi 25 juin, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a affirmé que la tentative des migrants de pénétrer par la force dans cette enclave espagnole située en territoire marocain, était «une attaque contre l’intégrité territoriale» de l’Espagne.
Quel est l’intérêt pour Rabat de violer le pacte conclu avec Madrid ?
Seulement, le nombre de migrants annoncé (2 000 personnes) est si important qu’il est aujourd’hui difficile de croire que ces candidats à l’émigration clandestine aient pu échapper à la vigilance des autorités du Maroc d’où ils sont partis pour aller forcer le passage à Melilla. Si le président du gouvernement espagnol accuse les «mafias qui se livrent au trafic des êtres humains» d’être à l’origine de cette invasion d’envergure, l’Algérie rit certainement sous cape. Surtout qu’Alger avait mis en garde contre de nouvelles invasions, côté marocain.
Seulement, après avoir normalisé ses relations avec l’Espagne, quel est l’intérêt pour Rabat de violer le pacte conclu en avril dernier avec Madrid ? Lequel accord stipulait, outre le respect de l’intégrité territoriale du royaume ibérique, la prise en charge de la question migratoire. L’assaut de vendredi est un très mauvais signe. Car si le Maroc n’a pas volontairement laissé passer ces milliers de migrants, le royaume aura montré ses limites quant à sa propension à gérer l’épineuse question migratoire.
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