Les autorités algériennes ont réduit les livraisons de gaz en direction de l’Espagne. Selon les données quotidiennes de la société Enagás, les exportations via le gazoduc Medgaz ont chuté d’environ 25%.
L’Espagne recevait-elle suffisamment de gaz algérien au point d’en filer au royaume du Maroc avec qui les relations sont revenues au beau fixe ? Rien n’est moins sûr. Les récents accords conclus entre Rabat et Madrid, stipulant l’acheminement de gaz via le gazoduc GME en sens inverse de l’Espagne vers le Maroc, n’ont visiblement pas rassuré les autorités algériennes qui auraient enclenché une phase de réduction les quantités de gaz fournies au royaume ibérique.
L’Algérie aurait baissé l’approvisionnement de l’Espagne en gaz naturel, d’après les données quotidiennes de la société Enagás. Cette structure espagnole en charge du maintien et du développement des infrastructures gazières a indiqué que les exportations via le gazoduc Medgaz ont chuté d’environ 25% la semaine dernière, comparativement aux niveaux enregistrés à la mi-mars. D’environ 312MWh/j, les livraisons seraient passées à quelque 234MWh/j. Soit une baisse d’environ 80GWh par jour.
Cette baisse, souligne la presse espagnole, est consécutive au soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d’autonomie du Sahara Occidental. Le 14 mars en effet, dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, Madrid reconnaissait la marocanité du Sahara. Alors que l’Algérie n’avait pas fini de dénoncer ce changement de position de l’Espagne, l’écho est fait de la conclusion d’un accord gazier entre Rabat et Madrid. Du gaz acheté en Europe, qui va transiter par l’Espagne pour être réacheminé au Maroc.
Un deal qui n’a pas plu à Alger qui a mis en garde contre tout détournement d’objectif par l’Espagne du gaz algérien. «Tout acheminement de gaz naturel algérien livré à l’Espagne, dont la destination n’est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant la Sonatrach à ses clients espagnols», avait menacé le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Mohamed Akrab.
Même si des garanties sont données par les autorités espagnoles, qui ont insisté que le gaz qui sera acheminé au Maroc proviendra d’Europe, Alger a pris sur lui de réduire les quantités de cette énergie fournie au royaume ibérique. Reste à savoir si cette mesure aura un impact sur l’accord gazier entre Rabat et Madrid. Pour le moment, trois centrales marocaines sont à la peine, après l’arrêt par l’Algérie, de la livraison de gaz via le GME (Gazoduc Maghreb-Europe) qui passait par le Maroc.
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