Le ministre algérien des Affaires étrangères, M. Abdelaziz Belkhadem, est actuellement en visite officielle à Paris. Il a profité d’une conférence de presse organisée au Centre d’Accueil de la Presse Etrangère, pour exprimer les positions fondamentales de son pays sur le problème du Sahara occidental.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, achève une visite officielle de trois jours à Paris. Reçu par son homologue français, Dominique de Villepin et les présidents des deux chambres, il a également rencontré le chef de l’Etat français à qui il a remis une invitation du président de l’Algérie pour une prochaine visite d’état dans le pays. Invitation acceptée par Jacques Chirac. Il profite de son passage en France pour rappeler la position de l’Algérie sur la question du Sahara occidental.
Quelle est la position de l’Algérie sur la question du Sahara occidental ?
Abdelaziz Belkhadem : La position de l’Algérie n’a pas changé depuis son arrivée à l’Organisation des Nations unies en 1962. Et nous réaffirmons le droit du peuple saharaoui (habitants du Sahara) à l’autodétermination conformément à l’article 15.14 des Nations unies (déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, ndlr) .
On vous a également accusé de vouloir balkaniser le Sahara occidental en soutenant un partage de la région…
Abdelaziz Belkhadem : Je crois que c’est aller un peu vite en jugement. Il y avait quatre options proposées par James Becker, le représentant de l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour le Sahara occidental. Le référendum. Une solution que nous estimons valide puisqu’elle exprime la légalité internationale. L’Accord cadre accepté par le Maroc. Cette solution ne peut pas être durable puisque le Front polissario n’y adhère pas. Il n’y a pas acceptation des deux parties. L’Onu proposait également le retrait pur et simple de la mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara-Occidental (Minorso, ndlr). Mais cela marquerait un retour en arrière. Enfin James Becker suggérait un aménagement du territoire. Une solution à laquelle nous souscrivons pour régler un état de fait. En 1975 les accords de Madrid avaient bien partagé le Sahara occidental entre la Mauritanie et le Maroc.
Est ce que vous avez demandé une médiation française dans votre contentieux avec le Maroc ?
Abdelaziz Belkhadem : Nous n’avons rien demandé à la France. Nous n’avons pas besoin de médiation. Il y a quelques nuages entre nos frères marocains et nous, mais ce n’est pas la tempête. Le Maroc est un pays frère avec lequel nous entretenons des relations normales, bien que nous aurions souhaité qu’elles soient excellentes. Et nous aspirons à développer une solide coopération entre les deux pays dans tous les domaines.
Croyez-vous toujours dans l’Union du monde arabe (Uma) ? Et ne pensez-vous pas que le Sahara soit un frein à son édification ?
Abdelaziz Belkhadem : Le problème du Sahara occidental est antérieur au lancement de l’Uma en 1988-89. On ne peut pas se prévaloir du problème pour freiner l’édification de l’Union du Maghreb. Après le report du sommet prévu le 21 juin dernier, l’Algérie est tout à fait prête à en organiser un nouveau pour relancer le processus
Concernant les relations franco-algériennes, 2003 marque l’Année de l’Algérie en France. Qu’attendez-vous le l’événement ?
Abdelaziz Belkhadem : Nous fondons beaucoup d’espoir sur l’Année de l’Algérie en France. Nous la voulons d’un éclat particulier pour promouvoir l’ensemble du patrimoine culturel de notre pays. Nous avons trouvé toute l’écoute souhaitée du côté des autorités françaises. Et je tiens à remercier les présidents des comités d’organisation français et algérien (Hervé Bourges et Mohamed Raouraoua, ndlr) pour leur travail. Nous avons également noté un engouement particulier du mouvement associatif algérien qui désire s’impliquer dans la préparation de cette année. Plus de 700 manifestations ont déjà été labellisées.
Quel bilan tirez-vous de votre visite à Paris ?
Abdelaziz Belkhadem : Cette visite est une totale réussite. Nous avons abordé l’ensemble de la coopération bilatérale. Il y a eu une complète convergence des points de vue. Nous avons constaté une nette détermination des autorités françaises d’aller de l’avant dans la refondation de nos relations, et dans leur volonté d’encourager les échanges entre nos deux pays.