L’Algérie tissée, peinte, brodée, pétrie par les femmes… Avec l’exposition du Pavillon des Arts à Paris, le visiteur découvre toute la richesse et la variété de l’artisanat algérien. Qui est la véritable mémoire du pays et de ses habitants.
Bienvenue dans l’univers des femmes algériennes. Le Pavillon des Arts à Paris accueille, dans une ambiance feutrée baignée par une douce pénombre, leur principal moyen d’expression depuis des siècles : l’artisanat. Poterie, tissage, vannerie, travail du cuir, broderie… Les Algériennes ont, au fil de leurs doigts et de leur imagination, donné vie à des objets d’une grande simplicité et d’une grande beauté. Comme les théières zoomorphes de M’Sirda, de la région de Tlemcen (XXè siècle), représentant des dromadaires, ou l’étonnante jarre de Grande Kabylie (fin XIXè), amphore dotée d’anses à décoration berbère en rouge et noir. Comme la magnifique natte (h’cira) de Beni Snous (région de Tlemcen, XXè), en alfa et laine aux couleurs douces.
Dans cet univers, chaque couleur a d’ailleurs une signification particulière : le blanc symbolise la pureté ou pour certains, la sécheresse et la stérilité ; le noir a un pouvoir bénéfique et protecteur contre le mauvais œil ; le rouge protège des accidents et des maladies ; le vert est la couleur du Prophète, donc porte-bonheur ; l’indigo, autre couleur bénéfique, est signe de sagesse…
Soie, organdi et velours…
Suivant les régions, les inspirations diffèrent. L’exposition se divise en deux sections : le monde rural et nomade et le monde citadin, avec des espaces réservés au monde des Touaregs et des oasis. Les citadines, par exemple, se consacrent essentiellement à la broderie alors que les femmes touaregs s’illustrent dans la confection d’objets en cuir (sacs de voyage, récipients, boîtes, portefeuilles ou porte-talismans). Elles utilisent des peaux de chèvre, de mouton ou de dromadaire, tannées et assouplies par trempage dans du beurre fondu ou de la pâte de dattes cuites. Les peaux sont ensuite teintes en rouge, vert, jaune, noir, blanc. Sur d’impressionnantes sacoches qui accompagnent les selles des dromadaires, les femmes créent également des décors par des applications de cuir, de broderies de coton ou de soie. Elles utilisent aussi le procédé de la gravure ou de la peinture. Un art raffiné et complexe.
Quant à la broderie, les Algéroises et les Bônoises la font au fil de soie sur de l’étamine, de l’organdi ou de la toile. Les Constantinoises la préfèrent lamée d’or et d’argent, exécutée sur du tulle ou du velours. Les Mozabites utilisent de la soie multicolore sur un léger tissage de laine noire… Ce sont tous ces modèles, pétris d’histoire et d’humanité, que propose le Pavillon des Arts.
Algérie, mémoire de femmes au fil des doigts, du 22 octobre 2003 au 1er février 2004, Pavillon des Arts, Les Halles-Porte Rambuteau-Terrasse Lautréamont, Paris 75001.
En collaboration avec le musée national des Arts et Traditions populaires d’Alger et dans le cadre de Djazaïr, une Année de l’Algérie en France.