L’Algérie et les États-Unis signent un accord historique de coopération militaire au Sahel


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Le commandant Michael Langley et le général Saïd Chengriha
Le commandant Michael Langley et le général Saïd Chengriha

Dans un contexte marqué par des défis sécuritaires croissants, l’Algérie enrichit son réseau de partenariats stratégiques. La signature d’un accord de défense avec les États-Unis s’inscrit dans cette dynamique de diversification des coopérations internationales. Ce rapprochement, accompagné d’investissements militaires significatifs, renforce le positionnement de l’Algérie comme acteur essentiel de la stabilité régionale.

L’Algérie vient de franchir une étape significative dans ses relations internationales en signant un mémorandum de coopération en matière de défense avec les États-Unis. Cet accord, paraphé à Alger entre le général Michael Langley, commandant du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), et le général Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, marque une avancée importante dans les relations algéro-américaines.

Le timing de ce rapprochement n’est pas anodin : la situation au Sahel évolue vite et les cartes sont en train d’être rebattues dans la région. L’Algérie joue sur plusieurs tableaux : tout en gardant des liens étroits avec ses alliés de longue date, elle tisse de nouvelles alliances stratégiques. Une façon pour Alger de conforter son rôle de médiateur et de garant de la stabilité dans la zone.

En multipliant ainsi ses partenaires, l’Algérie vise un double objectif : asseoir son influence régionale et renforcer ses capacités militaires pour faire face aux nouvelles menaces qui émergent à ses frontières avec l’influence croissante des juntes militaires alliées à la milice Wagner.

Une alliance aux multiples facettes

Le mémorandum signé le 22 janvier 2025 à Alger prévoit une intensification de la coopération militaire entre les deux pays, incluant le partage de renseignements et des formations conjointes. Le général Langley, lors de sa troisième visite en Algérie, a rencontré le président Abdelmadjid Tebboune pour réaffirmer les « liens historiques profonds » entre les deux nations et leur engagement commun pour la stabilité et la sécurité.

Si la coopération militaire est au cœur de l’accord, les ambitions vont plus loin : Washington et Alger partagent le même intérêt à ramener la paix dans une région secouée par de multiples crises. Avec sa présence dans 53 pays africains, l’AFRICOM apporte une expertise précieuse pour lutter contre les menaces qui ignorent les frontières, du terrorisme au trafic d’armes.

Une évolution diplomatique

L’Algérie a également montré sa détermination à moderniser ses équipements militaires, soutenue par un budget de défense conséquent. Selon Bloomberg, les dépenses militaires de l’Algérie devraient atteindre 25,1 milliards de dollars en 2025, reflétant la priorité accordée à la préparation face aux « défis régionaux contemporains ».

Washington trouve aussi son compte dans ce rapprochement avec Alger. Pour les États-Unis, l’Algérie représente un partenaire de poids : grande puissance militaire d’Afrique, elle dispose d’une influence diplomatique considérable et d’une expertise reconnue dans la lutte antiterroriste. Sa position géographique stratégique, à la croisée du Maghreb et du Sahel, en fait un allié précieux pour sécuriser une région où les intérêts américains sont menacés par l’instabilité politique et la montée de groupes armés. De plus, l’Algérie, avec ses importantes ressources énergétiques et son économie en pleine diversification, offre des perspectives de coopération qui dépassent le cadre strictement militaire.

Ce nouveau partenariat avec marque une étape importante dans la politique extérieure des deux pays. En enrichissant ses partenariats internationaux et en réaffirmant son rôle de leader régional, Alger consolide sa position d’acteur incontournable sur l’échiquier géopolitique. Cette approche stratégique, portée par une vision à long terme, témoigne de l’ambition de l’Algérie de conjuguer souveraineté et modernisation, tout en contribuant à la stabilité dans une région clé pour la sécurité mondiale. Par ailleurs, son statut de membre actuel du Conseil de sécurité de l’ONU renforce son influence diplomatique et sa capacité à peser sur les grandes questions internationales.

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