À l’occasion du 80e anniversaire du débarquement de Provence, il est essentiel de mettre en lumière des acteurs souvent oubliés de la Libération de la France : l’Algérie et la 3e Division d’Infanterie Algérienne (3e DIA). Ces soldats, pour la plupart volontaires, ont joué un rôle décisif dans les combats de 1944, participant à la libération du Sud de la France et à la progression des forces alliées vers le Nord. Pourtant, leur contribution est largement méconnue, éclipsée par les récits plus traditionnels de la Seconde Guerre mondiale. Cet article revient sur leur engagement, leur bravoure et l’importance de rétablir leur place dans notre mémoire collective.
Le débarquement de Provence, le 15 août 1944, marque une étape décisive dans la libération de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi les forces alliées qui ont participé à cette opération cruciale, l’Algérie et la 3e Division d’Infanterie Algérienne (3e DIA) occupent une place de choix. Pourtant, leur contribution reste souvent méconnue, éclipsée par les récits plus médiatisés des forces françaises libres ou des troupes anglo-américaines. Cet article se propose de revenir sur le rôle fondamental de la 3e DIA et de ses soldats algériens, véritables acteurs de la Libération.
La 3e DIA : une division d’élite
Créée en 1942 au sein de l’Armée d’Afrique, la 3e Division d’Infanterie Algérienne était composée majoritairement de soldats algériens, avec une forte proportion de volontaires. Placée sous le commandement d’officiers français, la 3e DIA se distingue rapidement par son entraînement rigoureux et l’esprit de corps qui anime ses troupes. Ces soldats, souvent issus des campagnes algériennes, étaient motivés par un profond désir de contribuer à la libération de la France, à laquelle ils étaient rattachés, bien que leur statut colonial fût ambigu.
Le 15 août 1944, alors que les Alliés débarquent sur les côtes provençales, la 3e DIA joue un rôle déterminant dans la libération du Sud de la France. Les combats pour Toulon et Marseille, en particulier, sont marqués par l’acharnement et la bravoure des soldats algériens. À Toulon, ville portuaire stratégique, les forces allemandes opposent une résistance farouche. Cependant, grâce à leur ténacité et à leur capacité à mener des assauts efficaces, les troupes de la 3e DIA parviennent à neutraliser les positions ennemies. À Marseille, les soldats algériens, souvent en première ligne, contribuent de manière décisive à la libération de la ville, malgré des combats de rue extrêmement difficiles.
Après avoir sécurisé le Sud, la 3e DIA poursuit sa progression vers le Nord, participant à la libération de nombreuses villes et villages. Les batailles menées par ces soldats sont souvent ardues, se déroulant dans des conditions météorologiques difficiles et face à une résistance allemande déterminée. Néanmoins, les soldats algériens font preuve d’un courage exemplaire, affrontant l’ennemi avec une détermination inébranlable. Leur rôle dans la libération de villes comme Autun et Dijon, et plus tard dans les combats dans les Vosges, témoigne de leur importance stratégique dans l’avancée des forces alliées vers l’Allemagne.
Les conditions de vie des soldats algériens
Cependant, derrière ces exploits militaires se cachent des réalités souvent difficiles. Les soldats algériens étaient confrontés à des conditions de vie rudes, tant sur le front que dans les camps d’entraînement. Loin de leur terre natale, ils devaient composer avec un climat hostile, un équipement parfois inadéquat et des rations alimentaires souvent insuffisantes. De plus, bien que leur engagement fût total, ils étaient fréquemment victimes de discriminations au sein de l’armée. Leurs sacrifices, pourtant, étaient tout aussi importants que ceux de leurs camarades français.
Les relations entre les soldats français et algériens étaient complexes, marquées à la fois par des tensions et des moments de fraternité. La différence de statut et la méconnaissance réciproque de leurs cultures pouvaient parfois entraîner des incompréhensions ou des conflits. Toutefois, les épreuves partagées sur le champ de bataille contribuaient souvent à créer des liens solides entre eux. De nombreux témoignages font état de cette camaraderie qui se développait au fil des combats, où les différences s’effaçaient devant l’objectif commun de libérer la France.
Un héritage méconnu
Malgré leur rôle crucial, les soldats algériens et, plus largement, les combattants nord-africains ont longtemps été oubliés dans les récits officiels de la Seconde Guerre mondiale. Leur contribution a été minimisée, voire occultée, dans l’historiographie dominante. Plusieurs facteurs expliquent cet oubli. Le contexte colonial de l’époque a conduit à une mise en avant des forces métropolitaines au détriment des troupes coloniales. De plus, les tensions politiques liées à la décolonisation ont contribué à réécrire l’histoire de manière à minimiser le rôle des soldats algériens, afin de ne pas alimenter les revendications indépendantistes.
Aujourd’hui, il est crucial de rétablir cette vérité historique et de rendre hommage à ces hommes qui ont contribué, au péril de leur vie, à libérer la France du joug nazi. Leur sacrifice doit être reconnu et célébré, non seulement en France, mais aussi en Algérie, où leur mémoire reste vive. La reconnaissance de leur rôle est un impératif moral, un devoir de mémoire que nous devons aux générations futures pour qu’elles comprennent pleinement la diversité des forces qui ont œuvré pour la liberté.