L’Algérie est-elle prête à mener une nouvelle révolution ?


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Après la Tunisie et l’Egypte, l’Algérie a été le troisième pays arabe à tenter de démarrer une révolution sociopolitique. Mais les deux marches du 12 et 19 février dirigées par la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie (CNCD) et dont les revendications principales étaient la levée de l’état d’urgence et un « changement du système » n’ont regroupé respectivement que 250 et 500 personnes, selon l’APS (Algérie Presse Service). Certains diront que les Algériens ne veulent pas faire la révolution et donc ne sont pas prêts pour le changement. Mais la situation est différente : les Algériens veulent le changement, mais ils ont peur des dérives anarchiques et violentes. Et la révolution algérienne se fait lentement, à travers les structures de la société civile.

Depuis plusieurs années, l’Algérie est entrée dans une profonde crise économique, politique et sociale. 9700 émeutes (casses, heurts et mouvements de violence de jeunes) ont été enregistrées en 2010 à travers toute l’Algérie. Un chiffre relativement élevé qui traduit le mal-vivre des Algériens dû à la cherté de la vie, au chômage, au manque de logement et au ras-le-bol vis-à-vis de la précarité de leur vie quotidienne.

Si l’on se réfère aux dernières manifestations plutôt timides, il est clair que le peuple algérien a inhibé tout espoir de changement. La seule alternative pour ses jeunes a été de sortir détruire des biens de l’Etat pour manifester leur mécontentement. Mais la violence n’est pas la solution. Et, en attendant, une révolution politique se déroule lentement.

Il faudrait organiser des contestations aspirant à un changement de régime et à une ouverture de transition qui éviterait les erreurs du passé sans rouvrir la page douloureuse de l’histoire de l’Algérie.
Après la révolution de 1954 contre le colonialisme français qui a mené à l’indépendance algérienne en 1962, un cycle de révoltes populaires à caractère social (travail, logement…) a pris place dans les années 1980, débouchant, le 5 octobre 1988, sur une explosion généralisée qui ébranla le régime. L’ouverture vers un système démocratique accoucha malheureusement de la « décennie noire », celle du terrorisme. Le parti du Front Islamique du Salut (FIS), qui avait gagné les élections législatives en 1991, s’est fait voler sa victoire par un coup militaire. Une guerre civile s’en était suivie, plongeant le pays entier dans la peur et le sang.

Aujourd’hui la société algérienne se retrouve affaiblie psychologiquement par cette peur du danger. Elle préfère ignorer les appels de la rue qui pourraient la mener vers d’autres combats sanglants et vers un chaos irréversible.

Force imparable du pays (représentant 70% de la population), c’est la jeunesse algérienne qui, aujourd’hui, par le biais des médias sociaux tels que Facebook et Twitter, lance des appels de solidarité à travers tout le pays afin d’unir les forces pour mener un combat pacifique vers la démocratie. Des associations de jeunes, des syndicats autonomes ainsi que des mouvements féministes, adhèrent à l’idée d’« organiser » cette étape vers le changement.

Ces jeunes prennent désormais conscience qu’il est vain de revendiquer leurs demandes anarchiquement et qu’ils doivent absolument adhérer à des structures de la société civile déjà en place pour les renforcer, s’organiser avec elles et crédibiliser leur marche vers la liberté.

Beaucoup de comités de jeunes ont vu le jour à la suite des multiples grèves qu’a connues le pays : comité de jeunes chômeurs, comité de jeunes universitaires, etc., tous adhérents au CNCD (Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie), le mouvement initiateur des différentes manifestations qui ont eu lieu à Alger. Concrètement, la CNCD organisera dans les prochains jours des conférences dans différentes wilayas du pays pour sensibiliser et mobiliser la population. Sur le plan organisationnel, la coordination a également créé deux commissions de travail : la première est axée sur l’organisation d’actions et la deuxième sur la communication et la visibilité autour de ces actions.

Le renversement des dictatures tunisienne et égyptienne n’a pu être accompli que grâce à une alliance unique : jeunes, médias alternatifs, solidarité et persévérance. En Algérie, il existe une certaine liberté des médias. Internet n’a jamais été censuré. C’est là une force que possède la société civile pour encadrer la jeunesse algérienne et l’aider à s’organiser et à afficher une charte de revendications claires à laquelle pourrait s’identifier l’ensemble du peuple algérien. Une charte dont les trois requêtes principales seraient : Démocratie, Transparence et Égalité des chances.
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* N. Hafid est militant des droits de l’homme. Article écrit pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews).

Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 25 mars 2011, www.commongroundnews.org
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