L’Algérie est éliminée de la CAN Côte d’Ivoire 2024. Une sortie humiliante pour les champions 2019 que leur coach, Djamel Belmadi, tente une nouvelle fois de justifier.
Nécessaire rappel de l’épisode de la CAN 2022 et des éliminatoires du Mondial 2022
Comme en 2022 au Cameroun, la sélection algérienne de football conduite par le sulfureux Djamel Belmadi s’est fait éliminer au premier tour. Après deux premiers matchs nuls, les Fennecs se font battre en troisième match par la modeste équipe de Mauritanie par le score de 1 but à 0. Un score qui aurait pu être aggravé si les Mourabitounes n’avaient pas fait preuve de quelques maladresses face à des occasions de but pourtant très nettes. Au lieu de faire son mea culpa, le sélectionneur, Djamel Belmadi, comme à son habitude, trouve la faute ailleurs, accuse.
Champions d’Afrique en Égypte en 2019, les Fennecs d’Algérie étaient allés au Cameroun en 2022 auréolés d’un statut de super favori de la 33e Coupe d’Afrique des nations (CAN). À l’arrivée, c’était la désillusion totale. L’équipe fait un match nul sur le score vierge de 0 but partout avec le petit poucet de sa poule, la Sierra Leone. En deuxième match, la Guinée équatoriale lui donne une leçon, 1 but à 0. Avant que la Côte d’Ivoire ne l’achève, 3 buts à 1, lors du dernier match de poules. Conséquence, les champions en titre n’ont pas pu se qualifier pour le second tour. Et finissent derniers de leur groupe avec 1 point, derrière la Sierra Leone (2points), la Guinée équatoriale (6 points) et la Côte d’Ivoire (7 points).
L’arbitre Bakary Gassama en fait les frais
Quelques semaines plus tard, en mars 2022, l’Algérie est privée de la qualification à la Coupe du monde Qatar 2022 par le Cameroun qui lui inflige une défaite à domicile (2 buts à 1) au match retour, le deuxième but étant marqué dans les ultimes secondes du temps additionnel de la prolongation. La fédération algérienne de football avait alors saisi la FIFA pour protester contre « l’arbitrage scandaleux » du Gambien Bakary Gassama. Mais, elle avait été déboutée par l’instance suprême du football mondial. Au sujet de cette rencontre, Djamel Belmadi avait tenu des propos d’une extrême rudesse et d’une extrême gravité à l’égard de l’arbitre gambien.
« Plus jamais de la vie, on ne laissera deux ou trois personnes conspirer contre notre pays. On ne verra plus jamais un arbitre comme ça mettre à mal un pays (…) Il a enlevé l’espoir de tout un peuple », a-t-il déclaré peu de temps après, dans une interview accordée à la chaîne de la Fédération algérienne de football. « Je n’ai pas aimé, poursuit-il, voir l’arbitre le lendemain confortablement assis dans nos salons à l’aéroport, boire un café et manger un mille-feuille (…) Je ne dis pas qu’il faut le tuer, mais il ne faut pas le laisser tranquille ».
Un principe inconnu de Djamel Belmadi
Ces propos avaient suscité une vive réaction. Ce, non seulement de la Fédération camerounaise de football, mais également de tout le milieu des observateurs du football africain. En témoigne ce recadrage du journaliste Nabil Djelit : « Djamel Belmadi a perdu pied depuis deux mois. Il n’a pas à s’en prendre à la personne et à la tranquillité de Monsieur Gassama. C’est une véritable sortie de route », a déclaré l’homme des médias. Avant d’ajouter : « Les propos de Djamel Belmadi sont très déplacés ». Et d’inviter le sélectionneur à se remettre en cause parce que « tout n’est pas la faute de Monsieur Gassama ».
La remise en cause permanente, qui doit être le leitmotiv des grands coachs, est un principe inconnu de Djamel Belmadi. Le coach algérien ne sait pas se remettre en cause. C’est le genre de personnage qui cherche tout le temps des boucs émissaires pour justifier ses propres échecs. La CAN 2024 était pour le sélectionneur algérien l’occasion de prendre sa revanche après la débâcle de 2022. Évoluant dans le groupe D aux côtés de l’Angola, du Burkina Faso et de la Mauritanie, les Fennecs ont réalisé l’exploit de finir une nouvelle fois derniers du groupe, avec un total de deux points, après deux matchs nuls concédés contre l’Angola (1-1) et le Burkina Faso (2-2), puis une défaite face à la Mauritanie.
Un entraîneur en fin de parcours qui n’a plus rien à démontrer
Comme en 2022, la bande à Riyad Mahrez n’a pas pu franchir l’étape des matchs de poules. Malgré une possession de balle estimée à 75%, les Fennecs n’ont pas pu toucher une seule fois le fond des filets des Mourabitounes. Ils se sont heurtés à un gardien de but mauritanien qui a tout donné pour maintenir sa cage vierge en opérant 6 arrêts magistraux. Au total, l’équipe algérienne aura fait montre d’un manque de réalisme et d’une inefficacité rarissimes.
L’entrée sur le terrain de Riyad Mahrez ne changera rien au cours du match. Djamel Belmadi n’aura rien pu faire pour amener son équipe à marquer l’unique but nécessaire pour la maintenir dans la course. Incapacité totale ! Djamel Belmadi a sans doute fini sa course, et devrait démissionner élégamment comme un certain Tom Saintfiet, sélectionneur de la Gambie, qui a jeté l’éponge après l’élimination de son équipe. Le technicien belge a préféré partir alors même que son contrat court jusqu’en 2026.
« Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi ».
« Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi ». Ceci est un proverbe tiré de la sagesse arabe dont le rappel ici n’est pas inutile. Comme à son habitude, le sélectionneur algérien a parlé. Il n’a pas parlé pour parler, mais il cherche à justifier son cuisant échec, il cherche à justifier l’injustifiable. Une nouvelle fois, il s’en prend à l’arbitrage, à l’occasion d’une conférence de presse tenue après sa défaite face à la Mauritanie. Pis, Djamel Belmadi a directement accusé le président de la Fédération mauritanienne de football, par ailleurs, 2e vice-président de la CAF, d’avoir mis la pression sur les arbitres.
« C’est sûr et certain que de notre côté, elle n’a pas marché, la VAR. C’est un constat. Ceci n’explique peut-être pas tout, mais… (…) Maintenant si vous voulez être aveugle… Moi, par contre, j’ai vu quelque chose sur le terrain », affirme-t-il. Et d’ajouter : « La ligne appartient aux arbitres, au 4e arbitre et aux entraîneurs. Quand je vois le président de la fédération qui vient durant tout le match haranguer l’arbitre et que j’explique à tout le monde “vous vous rendez compte de ce qu’il est en train de faire ?” et que tout le monde m’esquive et fait semblant de ne pas comprendre les uns après les autres… »
Djamel Belmadi doit prendre ses responsabilités
« J’ai expliqué ça à tout le monde : sur le terrain, à l’extérieur, en rentrant, dans les coulisses. Où on a vu, dans le football mondial, un dirigeant descendre et parler avec les arbitres de touche ? Et ils font comme si de rien n’était. C’est insupportable, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? », s’interroge Djamel Belmadi. Le coach algérien vient de lancer une nouvelle polémique qui entraînera sans aucun doute des réactions des parties visées par ces propos. Pour sûr, l’Algérie sera encore à la une de la presse et dans les discussions sur les réseaux sociaux.
Un épisode qui intervient tout juste après la polémique suscitée par les propos de la fameuse supportrice des Fennecs, Sofia Benlemmane, expulsée de Côte d’Ivoire au cours de cette même CAN. Djamel Belmadi a beau chercher des justifications pour maquiller son incurie, s’il ne prend pas ses responsabilités cette fois-ci, la Fédération algérienne, elle, devra prendre les siennes pour relancer l’équipe nationale qui ne manque pas de talents, mais qui a besoin d’un guide éclairé et compétent. Toutes choses que Djamel Belmadi n’incarne sans doute plus.