
À l’occasion de la 39e édition du Salon international du livre de Tunis, l’Algérie marque les esprits par une participation dense et ambitieuse. Entre pavillon richement doté, rencontres littéraires de haut vol et diplomatie culturelle assumée, Alger entend faire du livre un vecteur d’influence et de rapprochement régional, en particulier avec la Tunisie.
La 39e édition du Salon international du livre de Tunis, qui se tient du 25 avril au 4 mai 2025 au Palais des expositions du Kram, consacre une place de choix à la participation algérienne. Cette dernière témoigne d’un véritable dynamisme littéraire et d’une volonté affirmée de rayonnement culturel dans la région maghrébine.
Une vitrine éditoriale diversifiée
Sous la houlette de l’Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG), le pavillon algérien propose plus de 650 titres, représentant 24 maisons d’édition. Romans, essais, poésie, ouvrages pour la jeunesse et études universitaires : la sélection illustre la richesse de la production éditoriale actuelle, entre grands classiques et voix émergentes.
À travers cette vitrine, l’Algérie affiche un engagement résolu en faveur de la circulation des idées et du dialogue interculturel. Le livre devient ici un outil de rapprochement entre peuples, et un levier d’influence douce dans un contexte régional en mutation.
Des écrivains algériens à la rencontre du public tunisien
Plusieurs figures majeures de la littérature algérienne contemporaine font le déplacement à Tunis. Cette participation, à travers l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), concrétise « l’engagement de l’Algérie à renforcer sa présence sur la scène culturelle arabe et africaine » et à « renforcer les passerelles d’échange intellectuel et littéraire avec nos frères en Tunisie« , a expliqué le ministère de la Culture et des Arts dans son communiqué. On retrouve par exemple le romancier Waciny Laredj, dont l’œuvre oscille entre fiction historique et engagement politique.
Des rencontres, lectures publiques et débats permettent à ces auteurs d’échanger avec un lectorat tunisien curieux, et souvent déjà familier de leurs ouvrages. Ces moments de partage renforcent le sentiment d’une communauté culturelle maghrébine tissée par-delà les frontières.
Une diplomatie culturelle au service du partenariat régional
La forte mobilisation de l’Algérie s’inscrit dans une stratégie plus globale de présence régionale. En parallèle de sa participation au Salon du livre, Alger multiplie les initiatives dans les grands rendez-vous tunisiens : la compagnie Sonatrach a récemment pris part au salon Petroafrica, témoignant d’une volonté de consolider ses partenariats énergétiques.
Mais c’est bien dans le domaine culturel que l’Algérie semble vouloir asseoir une influence durable. En renouant avec la Tunisie à travers les arts et les lettres, Alger mise sur une diplomatie culturelle subtile, capable de renforcer les liens bilatéraux tout en affirmant une identité nationale et régionale plurielle.
Un air de retrouvailles
L’Algérie n’est pas étrangère au Salon du livre de Tunis. Elle y avait déjà été invitée d’honneur en 2018. En 2025, sa participation revêt un air de retrouvailles chaleureuses, dans un contexte où les relations entre les deux pays connaissent un regain de coopération.
À l’heure où le Maghreb traverse de multiples tensions, la littérature offre un espace de respiration, de mémoire et d’utopie. Et l’Algérie, par sa présence engagée à Tunis, rappelle que le livre demeure un instrument puissant de dialogue et d’ouverture, au service d’une vision partagée du devenir régional.