L’Algérie dépose une plainte à Paris contre Sarah Knafo, eurodéputée marocaine proche d’Eric Zemmour, pour diffusion de fake news


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Sarah Knafo, Conseillère politique d'Eric Zemmour
Sarah Knafo, Eurodéputée et Conseillère politique d'Eric Zemmour

L’État algérien a annoncé avoir déposé une plainte officielle auprès du tribunal judiciaire de Paris contre Sarah Knafo, eurodéputée d’origine marocaine et proche d’Éric Zemmour, du parti d’extrême droite Reconquête, pour diffusion de fausses informations. Lors de son passage à l’émission « Les Grandes Gueules » sur RMC, Knafo a avancé volontairement des chiffres erronés concernant l’aide publique au développement accordée à l’Algérie.

L’État algérien a publié un communiqué annoçant son dépôt d’une plainte officielle auprès du tribunal judiciaire de Paris pour diffusion de fake news à l’encontre de la députée européenne Sarah Knafo, du parti Reconquête d’Eric Zemmour. Cette démarche fait suite à des propos tenus par l’élue lors de son passage à l’émission « Les Grandes Gueules » sur la radio RMC, où elle avancerait des chiffres inexacts concernant l’aide publique au développement accordée à l’Algérie.

Dans ses déclarations, Sarah Knafo a préconisé une réduction des aides publiques au développement, citant en particulier les fonds alloués à l’Algérie et à la Chine. Elle a notamment affirmé que la France versait 800 millions d’euros d’aide publique au développement à l’Algérie chaque année. Ces propos ont rapidement été partagés sur les réseaux sociaux, via un post sur X (anciennement Twitter), atteignant plus d’un million de vues en quelques heures. Ces déclarations ne sont pas nouvelles, déjà au mois de juin la jeune eurodéputée d’origine marocaine avait communiqué sur ces chiffres, se faisant alors corrigée tant par les médias que par le Gouvernement français.

Des chiffres erronés dénoncés par le ministère de l’Economie français

En effet, les 800 millions d’euros par an avancés par Knafo ne correspondent pas à la réalité des faits. Selon les données de l’OCDE et les informations fournies par TF1info, l’Algérie a reçu 842 millions d’euros d’aide publique au développement entre 2017 et 2022, et non chaque année comme l’a affirmé l’eurodéputée. Ainsi, le montant total de l’aide publique au développement française à l’Algérie en 2024 est estimé à 129,6 millions d’euros, bien loin des déclarations de Sarah Knafo.

Le ministère français de l’Économie a également démenti les chiffres avancés par Knafo. En réalité, l’Algérie a reçu 112 millions d’euros en 2021 et 132 millions d’euros en 2022, des chiffres publics disponibles sur le portail de l’aide publique au développement de la France. Ces fonds sont destinés à financer des projets dans divers domaines tels que l’éducation, la santé, la culture et le développement économique, loin des accusations de Knafo de financer un pays « refusant de reprendre ses clandestins ».

D’une façon plus globale, il est important de souligner que ce qui est appelé aide publique au développement est composée de fonds destinés à des projets concrets, souvent dans des secteurs essentiels comme la santé, l’éducation ou la culture. Ils ne se résument pas à des financements directs, mais incluent des actions communes, telles que la préservation du patrimoine culturel ou des échanges académiques.

Une stratégie politique ?

Sarah Knafo, proche d’Éric Zemmour, souhaite sans doute faire du buzz et revenir sur le devant de la scène. Mais ses déclaration ont été vivement critiquée, notamment par l’avocat Nabil Boudi, qui a rapidement réagi.

Et aujourd’hui, l’annonce officielle du dépôt de plainte par l’Algérie vise à faire taire définitivement ces calomnies. Il est cependant dommage que des médias français comme RMC accepte de laisser diffuser ces mensonges sans réagir. On peut espérer que la radio qui avait sanctionné lourdement son commentateur d’origine algérienne Mehdi Ghezzar après des propos controversés sur André Azoulay et le Maroc, ait une attitude aussi intransigeante lorsque l’Algérie est attaquée par l’eurodéputée d’origine marocaine Sarah Knafo.

Il faut rappeler aussi qu’il y a 18 mois, BFMTV, la chaîne d’information du même groupe que RMC, avait dû licencier son présentateur vedette d’origine marocaine, Rachid M’Barki, en raison des soupçons avérés d’ingérence du Maroc dans certains contenus diffusés sur l’ antenne de la chaîne.

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