Des fossiles algériens découverts dans le nord de l’Algérie remettent en cause l’idée que l’Afrique de l’Est serait le seul lieu d’origine des premiers outils de pierre. La découverte repousse de 600 000 ans les idées répandues relatives aux hominines en Algérie et suggère que l’utilisation des outils est apparue indépendamment dans plusieurs régions de l’Afrique.
Un article publié jeudi 29 novembre dans la revue américaine Science apporte un regard nouveau sur les origines des premiers outils de pierre utilisés par les hommes préhistoriques. Des traces de présence humaine datant de près de 2,5 millions d’années ont été découvertes sur un haut plateau dans le nord de l’Algérie avec des restes d’outils de pierre et des os d’animaux dépecés.
Aujourd’hui, la plus ancienne technologie d’outils de pierre connue, appelée Oldowan, serait apparue en Afrique de l’Est il y a environ 2,6 millions d’années pour ensuite se répandre sur tout le continent. Mais de nouvelles découvertes comme celle qui vient d’être faite en Algérie suggèrent que la technologie, des outils universels rudimentaires extraits de cailloux, pourraient en fait être apparus indépendamment dans différentes parties de l’Afrique.
Les outils de calcaire et de silex récemment découverts sur ces hauts plateaux algérien datent d’environ 2,4 millions d’années, soit presque le même âge que les outils les plus anciens de ce type, trouvés à Gona, en Éthiopie, et datant de 2,6 millions d’années. Cette découverte signifie que les hominines, sous-tribu de grands singes à laquelle appartiennent le genre humain, étaient déjà présents dans la ceinture méditerranéenne de l’Afrique du Nord 600 000 ans plus tôt que ce que pensaient jusqu’alors les historiens. L’étude a été publiée ce 29 novembre 2018 dans la revue dans Science.
Ces traces d’activité sont les plus anciennes découvertes à ce jour sur tout le pourtour méditerranéen. Il aura fallu plusieurs années d’efforts de chercheurs de plusieurs disciplines et de plusieurs nationalités travaillant de conserve pour arriver à ce résultat.
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Dirigée par l’archéologue Mohamed Sahnouni, du Centre national espagnol de recherche sur l’évolution humaine à Burgos, l’équipe a passé huit ans à sonder le site de l’Ain Boucherit, dans le nord de l’Algérie afin de mettre à jour une mine d’outils de hachage et de coupe aux côtés des os entaillés et martelés d’éléphants, d’hyènes, de cochons, de crocodiles et d’autres animaux.
La différence d’âge entre ces outils et ceux trouvés dans la vallée du Rift est trop courte pour que la technologie de la pierre ait traversé les déserts et les montagnes jusqu’en Afrique du Nord, explique Sahnouni qui conclu « Je pense que cela plaide à juste titre pour une origine multiple de la technologie de la pierre ».
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