Le coup d’Etat militaire perpétré jeudi par le Comité national pour le redressement et la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDR), au Mali, aura des conséquences directes sur la sécurité au Sahel et les relations avec l’Algérie, parrain des accords de paix signés entre les rebelles et le Président malien ATT. Par ailleurs, l’Algérie ne souhaite pas s’ingérer dans les affaires internes du Mali mais uniquement l’aider à conserver son intégrité territoriale.
Le coup d’Etat militaire perpétré jeudi au Mali par des mutins aura sans aucun doute des répercussions sur les relations bilatérales avec l’Algérie mais aussi sur la situation sécuritaire au Sahel. Avec plus de 1 000 kilomètres de frontière commune, l’Algérie connaît aujourd’hui une instabilité jamais connue depuis l’indépendance du Mali en 1960. Une guerre civile au Mali pourrait provoquer une régionalisation du conflit mais aussi une grave crise alimentaire. Les combats entre rebelles touareg et armée malienne dans la région de l’Azawad, au nord du Mali, ont provoqué selon le ministre algérien de l’Intérieur Daho Ould Kablia, l’exil de plus de 30 000 réfugiés maliens dans le sud algérien.
Pour l’heure, les revendications du responsable du coup d’Etat, le capitaine Amadou Haya Sanogo du Comité national pour le redressement et la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDR), restent encore floues mais il souhaite vraisemblablement résoudre le conflit du nord Mali par la force. Combattre définitivement les rebelles. En d’autres termes, réussir là où ATT a échoué. Il a été reproché au Président Amadou Toumani Touré sa volonté de privilégier le dialogue : à plusieurs reprises, des officiers et sous-officiers ont manifesté leur colère quant aux manques de moyens fournis à l’armée pour combattre les rebelles au nord.
Bien que le gouvernement algérien n’était pas satisfait de la politique d’ATT et de ses affinités avec les Occidentaux, il a réagi de manière ferme au coup d’Etat. Il devra pourtant continuer à jouer son rôle de médiateur dans le conflit malien.
Une « neutralité positive »
Pour autant, l’Algérie ne souhaite pas mener de politique d’ingérence dans les affaires du Mali mais plutôt maintenir une « neutralité positive », a expliqué le politologue Louisa Aït Hamadouche au quotidien El Watan. Alger continuera de promouvoir un projet économique et politique qui permette de maintenir l’intégrité du territoire malien. Désormais, le risque serait qu’une guerre civile entre militaires loyalistes et putschistes éclate. Le tout couronné par l’apparition du groupe Ançar Dine, mené par une figure de la rébellion touareg des années 90, Iyad Ag Ghaly. En plus de l’indépendance de l’Azawad, Ançar Dine réclame une république islamique au Mali. Un risque de plus pour l’Algérie et son combat contre le terrorisme au Sahel.
La lutte contre le terrorisme au Sahel est sous-traitée par les USA et la France à l’Algérie. Abdelaziz Rahabi, ancien ministre et diplomate algérien, s’est dit « inquiet par ce qui se passe au Mali et du rôle que l’on veut faire jouer à l’Algérie ». Il craint que les Américains mènent en Algérie une politique semblable à celle observée au Pakistan pour combattre Al Qaïda en Afghanistan.