De plus en plus d’établissements financiers misent sur les crédits consommation à l’occasion des fêtes religieuses : à Casablanca, le mouton s’achète à crédit… sur un an !
Impossible de traverser le Maroc, depuis quelques semaines, sans tomber sur les publicités vantant les crédits spéciaux à la consommation octroyés à l’occasion de l’Aïd. Le traditionnel sacrifice du mouton, auquel tout bon musulman doit procéder à cette occasion, est une occasion rêvée de développer le crédit… Et donc l’activité des établissements financiers.
Evidemment, certains doutent de la stricte conformité à la charria d’une telle pratique : en toute rigueur, ce sacrifice n’est demandé qu’à ceux qui ont les moyens de le financer. L’usage du crédit pour acheter le mouton sacrifié peut donc apparaître discutable.
Mais cela ne décourage pas les banques et organismes de crédit qui espèrent ainsi, en rendant service aux musulmans pratiquants, attirer une clientèle de plus en plus large vers des produits financiers labellisés « islamiques », en plein développement dans le Royaume chérifien.
Mourabaha et Ijara
C’est le cas notamment de deux produits phares : Mourabaha et Ijara. La Mourabaha est un contrat de vente dont le prix de revient est majoré d’une marge bénéficiaire pour le prêteur (qui peut être le vendeur lui même), marge convenue à l’avance entre les parties. En aucun cas, on ne pourra parler « d’intérêts » puisque le prêt à intérêt est interdit par l’Islam. Mais il s’agit d’un surcoût destiné à dédommager le vendeur du délai de paiement qu’il accepte.
Pour ce qui concerne l’Ijara, il s’agit d’un contrat de location de bien qui se conclut par une promesse de vente au terme de la location. Un dispositif proche des contrats de « leasing » bien connus de la finance anglo-saxonne. Avec cette caractéristique commune : le bien n’appartient réellement à l’acheteur qu’au terme du processus d’achat.
Des crédits sans intérêts… Donc attractifs !
Difficile d’adapter l’Ijara à la vente du mouton sacrifié… Et difficile en tout état de cause d’appliquer un intérêt sur une transaction destinée à accomplir un sacrifice religieux. Donc les crédits proposés sont là « sans frais ». Et d’autant plus attractifs… Leurs seules victimes seront donc… les moutons, qui devraient être cette année encore plus nombreux à passer de vie à trépas le jour de l’Aïd !