L’agriculture en Algérie : Un secteur en pleine expansion et vecteur de diversification économique


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Agriculture
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Le troisième Recensement général de l’agriculture (RGA) en Algérie dévoile une croissance remarquable du secteur agricole, avec plus de 230.000 nouvelles exploitations depuis 2001. Cette expansion s’inscrit dans une stratégie nationale ambitieuse visant à moderniser l’agriculture, renforcer la sécurité alimentaire et diversifier l’économie au-delà de sa dépendance traditionnelle aux hydrocarbures.

Les premiers résultats du recensement, qui s’est déroulé du 19 mai au 27 juillet, montrent une forte participation des agriculteurs et éleveurs. Ils sont de plus en plus conscients des avantages qu’ils peuvent tirer de cette initiative. Mohamed Tifouri, directeur des systèmes d’information, des statistiques et de la prospective au ministère de l’Agriculture et du Développement rural, explique que cette hausse significative du nombre d’exploitation, 230 000 de plus qu’en 2001, est principalement due à deux facteurs : la mise en valeur des terres et l’émergence de nouvelles zones agricoles à travers le pays.

Cependant, cette expansion ne se limite pas seulement à l’augmentation du nombre d’exploitations. Elle reflète aussi une dynamique positive avec une diversification accrue des cultures, une amélioration des techniques agricoles et une augmentation de la production. Cela démontre l’engagement des acteurs du secteur à contribuer activement au développement agricole national et à atteindre les objectifs de sécurité alimentaire fixés par le gouvernement.

Une croissance remarquable du secteur agricole basée sur l’exploitation des données

Le recensement fournit une image détaillée et actualisée de la structure des exploitations agricoles en Algérie. Ces informations, d’une importance capitale, permettront d’élaborer des programmes de développement spécifiques et adaptés aux réalités du terrain. L’objectif est d’optimiser l’utilisation des terres agricoles, d’améliorer la productivité et de cibler efficacement les investissements dans le secteur.

L’analyse approfondie des données collectées, introduites dans la plateforme numérique du ministère de l’Agriculture, permettra de déterminer avec précision la superficie du foncier agricole, le nombre de cheptels, les types de cultures prédominantes dans chaque région, ainsi que d’autres indicateurs clés comme l’utilisation des ressources en eau et l’adoption de technologies agricoles modernes. Mohamed Tifouri a souligné que ce processus d’analyse est en bonne voie, insistant sur l’importance de prendre le temps nécessaire pour garantir la précision et la fiabilité des données. Ces informations seront cruciales pour prendre des décisions éclairées, renforcer la sécurité alimentaire et promouvoir un développement agricole durable et respectueux de l’environnement.

Innovation technologique et synergie intersectorielle

Le RGA 2024 se distingue par sa préparation minutieuse mobilisant près de 7.500 recenseurs, contrôleurs et superviseurs à travers le pays. Pour la première fois dans l’histoire du recensement agricole algérien, des outils technologiques et numériques ont été largement utilisés. Cette modernisation a considérablement renforcé l’efficacité, la rapidité et la fiabilité du processus de recensement.

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a annoncé son intention de partager la base de données issue du RGA avec les différents secteurs concernés. Cette approche de synergie intersectorielle est essentielle pour atteindre les objectifs nationaux de sécurité alimentaire et maximiser l’impact des initiatives de développement agricole. Elle permettra une meilleure coordination entre les politiques agricoles, environnementales, hydrauliques et économiques, favorisant ainsi une approche holistique du développement rural.

Formation et professionnalisation du secteur

Le RGA a également servi de plateforme de formation pour les équipes engagées dans l’opération. Cette formation théorique et pratique a permis de parfaire leurs connaissances en matière d’activité agricole, contribuant ainsi à la professionnalisation du secteur. Les participants ont été formés aux techniques modernes de collecte de données, à l’utilisation des outils numériques et à l’analyse préliminaire des informations recueillies.

Cette initiative de formation s’inscrit dans une stratégie plus large visant à moderniser le secteur agricole algérien. En investissant dans le capital humain, l’Algérie cherche à créer une nouvelle génération d’agriculteurs et de techniciens agricoles capables d’adopter et de diffuser des pratiques agricoles innovantes et durables. Cette professionnalisation du secteur est cruciale pour améliorer la productivité, la qualité des produits et la compétitivité de l’agriculture algérienne sur les marchés nationaux et internationaux.

Indépendance alimentaire : L’Algérie en tête au Maghreb

Dans le contexte maghrébin et nord-africain, l’Algérie se distingue par ses efforts soutenus vers l’indépendance alimentaire, particulièrement dans le domaine céréalier. Contrairement à ses voisins, l’Algérie a réussi à maintenir une production stable de blé, grâce notamment à une meilleure gestion hydraulique. Cette résilience est d’autant plus remarquable face aux défis climatiques qui affectent sévèrement la région.

Le Maroc, par exemple, a vu sa production de blé chuter de près de 40% en 2024 en raison d’une forte sécheresse, atteignant seulement 2,5 millions de tonnes selon la FAO. La Tunisie, bien que moins touchée, n’a enregistré qu’une légère hausse de sa production. L’Égypte, malgré sa dépendance moindre aux pluies grâce au Nil, reste le premier importateur mondial de blé, illustrant la vulnérabilité de la région aux fluctuations du marché international.

L’Algérie, en revanche, a fait des progrès significatifs dans la réduction de sa dépendance aux importations. Les investissements dans l’irrigation, l’amélioration des techniques agricoles et l’expansion des terres arables ont permis d’augmenter la production nationale. De plus, le pays a diversifié ses cultures, encourageant la production de céréales alternatives comme l’orge et le sorgho, réduisant ainsi sa dépendance au blé importé.

La stratégie algérienne englobe également l’amélioration du stockage et de la gestion des stocks, ainsi que le développement de filières agroalimentaires locales. Ces efforts contribuent non seulement à renforcer la sécurité alimentaire du pays, mais aussi à atténuer l’impact des fluctuations des prix mondiaux sur l’économie nationale et le pouvoir d’achat des citoyens.

Diversification économique : L’agriculture comme pilier stratégique

Malgré ces avancées, l’Algérie reste confrontée à des défis importants, notamment le changement climatique et la nécessité de moderniser davantage son agriculture. Cependant, sa position relativement favorable par rapport à ses voisins maghrébins témoigne de l’efficacité de sa stratégie agricole à long terme et de son potentiel à atteindre une plus grande indépendance alimentaire.

L’expansion remarquable du secteur agricole s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification économique de l’Algérie. Historiquement dépendante des hydrocarbures, qui représentent une part importante de ses exportations et de ses revenus, l’Algérie cherche activement à renforcer d’autres secteurs pour assurer une croissance économique durable et résiliente. L’agriculture, avec son potentiel considérable de création d’emplois, de contribution à la sécurité alimentaire et de génération de revenus d’exportation, joue un rôle clé dans cette transition économique.

Les investissements massifs dans le secteur agricole visent plusieurs objectifs stratégiques. Premièrement, réduire significativement la dépendance aux importations alimentaires, qui pèsent lourdement sur la balance commerciale du pays. Deuxièmement, créer de nouvelles opportunités d’exportation, notamment pour les produits agricoles à haute valeur ajoutée, contribuant ainsi à la diversification des sources de devises étrangères. Enfin, développer les zones rurales, réduire les disparités régionales et freiner l’exode rural en offrant des perspectives d’emploi et de développement dans les régions agricoles.

Cette approche multidimensionnelle vise à renforcer la résilience économique du pays face aux fluctuations du marché pétrolier et à poser les bases d’une croissance plus équilibrée et inclusive.

Le chemin vers un avenir agricole prospère est clairement tracé. Avec une volonté politique forte, des investissements ciblés et une stratégie de développement cohérente, l’Algérie est sur la bonne voie pour réaliser pleinement le potentiel de son secteur agricole. L’agriculture algérienne s’affirme ainsi comme un moteur clé de la transformation économique du pays, ouvrant la voie à un avenir plus durable et prospère pour l’ensemble de la nation.

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