L’Afrique vote Barack Obama


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Le candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine est le grand favori de l’Afrique noire. Les villes africaines ont battu une campagne passionnée pour le candidat, dont le défunt père était originaire du Kenya.

Un homme noir sourit face au photographe, un portrait de Barack Obama contre sa joue. Un minibus de transport arbore sur sa vitre arrière une affiche de campagne du candidat démocrate portant l’inscription « Change we can believe in ». Un vendeur propose des colliersà l’effigie de Barack Obama. On se croirait dans une ville américaine à majorité noire comme Atlanta, où la campagne pour la présidentielle américaine tire à sa fin. Erreur. On se trouve en fait à des milliers de kilomètres de là, à Matatu, une ville côtière du Kenya. Un peu partout en Afrique noire, c’est la même ambiance. De Harare au Zimbabwe à Abuja au Nigéria, en passant par Accra la capitale ghanéenne, les villes africaines ont vécu ces dernières semaines au rythme de la présidentielle américaine, en battant campagne pour le candidat démocrate avec les moyens du bord. Ici, une rue rebaptisée au nom du candidat ; là, des t-shirts à son effigie vendus sur les marchés, ou encore une chanson à son honneur, rapidement transformée en tube, par un public qui ne jure que par le candidat démocrate.

Des fans clubs pour soutenir le candidat démocrate

Fin août, un collectif de Nigérians avait même proposé de participer au financement du candidat, en collectant près d’un million de dollars via le Nigeria Stock Exchange la bourse nigériane. Une belle somme d’argent que l’équipe de campagne de Barack Obama s’était résolue à refuser, la loi américaine n’autorisant pas de recevoir des financements hors du territoire des Etats Unis pour les campagnes électorales. Kogelo, un petit village de l’est du Kenya où vit Sarah Obama, la troisième femme du grand-père de Barack Obama âgée de 86 ans, est devenu une destination touristique de premier plan. En Côte d’Ivoire et au Gabon, l’ « obamania » version africaine a atteint son paroxysme avec la création de fans club qui organisent des conférences pour présenter le candidat, vendent toutes sortes de gadgets à son image. Et tant pis pour les rares opposants, qui osent se manifester dans ce contexte de plébiscite. L’écrivain américain Jérôme Corsi l’a appris à ses dépends. Venu à Nairobi début octobre faire la promotion de son brûlot anti-Obama intitulé « Obama : politique gauchiste et culte de la personnalité », il a été arrêté, puis expulsé sans ménagement du pays.

L’ascendance africaine de Barack Obama joue indubitablement un rôle dans cet élan général de sympathie. Mais il y a plus. Les Africains croient en effet percevoir en lui quelqu’un qui, à la tête de la première puissance du monde, ouvrirait une nouvelle ère moins heurtée pour l’humanité. « Il représente une Amérique avec qui le monde peut s’entendre et qui est accessible de nouveau. (…). Il a des idées sur la race, la politique économique et la diplomatie que nous partageons et dans lesquelles nous nous reconnaissons, et il les présente aussi brillamment », écrit le quotidien sud africain Mail & Guardian. C’est vrai que Barack Obama n’a pas attendu d’être aux portes de la Maison Blanche pour s’intéresser à l’Afrique. Membre de la commission des affaires étrangères du sénat américain, il s’est beaucoup investi dans des questions africaines. Il a ainsi œuvré en faveur du vote d’une législation pour la promotion de la stabilité et la tenue d’élections transparentes en République Démocratique du Congo, de l’arrêt du génocide au Darfour, ou encore de la traduction devant la justice internationale de Charles Taylor, accusé de crime de guerre au Liberia. De quoi espérer que, s’il est élu, il influencera positivement le devenir du continent.

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