Le rapport mondial sur les drogues 2010 montre que la consommation de drogue se développe en Afrique. Le continent devient également une voie de passage pour les narcotrafiquants.
« Il nous faut reconnaître que l’abus et le trafic de drogues constituent un obstacle majeur au développement », a estimé le secrétaire général des Nations-Unies Ban ki Moon à l’occasion de la journée mondiale contre l’abus et le trafic de drogue, le 26 juin. De nombreuses cargaisons de stupéfiants transitent par les côtes africaines, révèle le rapport mondial sur les drogues 2010 de l’Office des Nations-Unies pour la drogue et le crime (ONUDC), rendu public à l’occasion de cette journée. Ainsi, quelque 50 tonnes de cocaïne produite en Amérique Latine transite par l’Afrique de l’Ouest avant d’être vendue en Europe. Ce trafic qui avait connu une progression rapide entre 2004 et 2007 semble avoir reculé en 2008 et en 2009 mais « la situation est susceptible d’évoluer et doit être suivie attentivement ». Quant à l’héroïne, produite en Asie, elle est acheminée vers l’Europe et les Etats-Unis par l’Afrique de l’Est.
La drogue met en péril la lutte contre le sida
Ces « corridors de transports » suscitent l’apparition de marchés locaux. Si la consommation mondiale de drogues se stabilise dans les pays développés, elle augmente dans les pays en voie de développement, notamment en Afrique. L’ONUDC signale une augmentation importante des saisies de résine de cannabis, principalement consommée en Afrique du Nord. La montée en flèche de la consommation d’héroïne en Afrique de l’Est et de cocaïne en Afrique de l’Ouest est également soulignée. Par contre, si le rapport affirme que la consommation d’amphétamines et d’ecstasy affecte le continent, son ampleur n’a pas pu être calculée.
L’augmentation de la consommation de drogues en Afrique, en particulier par injection, met en péril les avancées réalisées sur le continent dans la lutte contre le Sida, soulignent par ailleurs des experts dans le cadre du Forum mondial contre la drogue à Stockholm , le 24 mai. « Je pense que l’un de nos principaux sujets d’inquiétude au Kenya est le grand nombre de personnes dépendantes à l’héroïne », y avait déclaré la présidente de la Campagne nationale kenyane contre la drogue. Elle avait également rappelé que « parmi les consommateurs de drogue par injection, 68 % à 88 % sont porteurs du VIH ». L’échange de seringues est monnaie courante et participe à la propagation du virus. Au Nigeria, une étude a ainsi révélé en 2007 que la consommation de drogues se répand au même rythme que l’augmentation des personnes contaminées par le virus du sida, dans des villes comme Kano et Port Harcourt.