Au moment où s’ouvre à Copenhague la conférence des Nations Unies sur le climat, en Afrique, à l’origine d’à peine 4% des émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement climatique touche déjà violemment les plus démunis.
Sécheresses et inondations à répétition, champs de maïs désséchés, progression des maladies, humains et animaux désemparés, les effets du réchauffement climatique se multiplient sur le continent africain.
Amplification des sécheresses
23 millions de personnes souffrent actuellement de faim dans tout l’Est de l’Afrique en raison du manque de pluies.
Au Kenya, les nomades Turkana abattent leur cheptel décimé par la faim et la soif pour bénéficier d’une aide d’urgence. « C’est la pire sécheresse depuis 1969, l’année où des dromadaires étaient déjà morts », expliquent des experts.
Inondations catastrophiques
L’Afrique australe a pour sa part été frappée par des inondations exceptionnelles en début d’année, tout comme la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, le 1er septembre dernier.
Pourtant à l’origine d’à peine 4% des émissions de gaz à effet de serre, principales responsables du réchauffement climatique, l’Afrique est le continent le plus touché par ce phénomène.
Même « s’il est encore difficile de faire la part des choses entre l’impact du changement climatique et le cycle normal d’événements météorologiques extrêmes qui caractérise l’Afrique », comme le rappelle Nick Nuttall, porte-parole du directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement.
L’Afrique n’aura bientôt plus de glace
Les glaces ont fondu à une telle vitesse qu’elles pourraient avoir totalement disparu d’ici vingt ans des plus hauts sommets du continent, le Kilimandjaro, le Mont Kenya ou le massif des Ruwenzori.
Ce dernier massif en Ouganda a perdu depuis 1987 la moitié de ses glaciers, qui se déversent dans la rivière Semliki marquant la frontière entre l’Ouganda et la RD Congo. Son cours a changé une centaine de fois depuis les années 60, la première fois peut-être que le changement climatique fait bouger une frontière. « Cela peut déboucher sur un conflit, car nous savons qu’il y a du pétrole autour (de la rivière) », s’inquiète Goreti Titutu, une chercheuse de l’Autorité ougandaise de gestion de l’environnement.
Le paludisme progresse en régions tempérées
L’augmentation des températures fait également progresser le paludisme dans des régions d’où la fraîcheur le tenait jusqu’à présent éloigné, comme l’Ouest de l’Ouganda, le massif des Aberdares au Kenya ou certains sommets du Rwanda.
Les hommes ne sont pas les seuls touchés: les experts des parcs nationaux kényans constatent de plus en plus de comportements animaux anormaux, attribuables en partie au réchauffement selon eux: singes ou serpents poussés dans des maisons par la faim, éléphants qui ravagent des récoltes à la recherche de nourriture…
Au large de l’Afrique du Sud, la migration des sardines est désormais très pauvre une année sur deux en moyenne, l’eau étant devenue trop chaude pour ce poisson, ce qui menace à terme l’écosystème de la région.
Une prise en compte indispensable des besoins de l’Afrique
A Copenhague, l’Afrique réclamera le financement d’un fonds par les pays riches pour s’adapter à tous ces bouleversements.
Huit ONG, dont le Centre pour l’environnement et le développement (CED-Cameroun), Greenpeace-Afrique, Forest Peoples Programme (Grande-Bretagne), ont demandé la semaine dernière, dans une déclaration commune à Yaoundé, « un accord juste et équitable » lors de la conférence de Copenhague sur le climat.
Par Marcel Bekolo
Photo Khaled Elraz pour AFRIK.COM : avancée du désert à la frontière du Sahara