Un vaste élan de solidarité internationale se déploie vers Haïti, après que l’île des Caraïbes a été touchée le 12 janvier par un tremblement de terre de magnitude 7 sur l’échelle de Richter. Les dégâts sont considérables et les autorités haïtiennes redoutent un bilan outrepassant les 100 000 morts. Malgré ses difficultés, le continent africain s’engage lui aussi. Du Sénégal au Congo, en passant par le Nigeria et le Rwanda, les propositions d’aide se multiplient.
Dans le déluge de dons et d’offres de services qui déferlent sur Haïti, l’Afrique propose des contributions pour venir en aide aux Haïtiens meurtris par le séisme du mardi 12 janvier.
Montrant la voie, le Gabon a décidé de débloquer un million de dollars pour Haïti dès le jeudi 14 janvier.
L’Afrique du Sud lui a emboîté le pas, le gouvernement annonçant la semaine dernière un ensemble de mesures d’assistance en trois phases : déploiement de médecins avec une équipe de secours menée par l’organisation Rescue South Africa, envoi de praticiens légistes pour l’aide à l’identification des corps et d’une aide humanitaire en partenariat avec des ONG sud-africaines.
Du côté du Nigéria, un contingent de 121 policiers, servant dans le cadre de la mission des Nations Unies en Haïti, travaille avec les équipes de secours dans la capitale, Port-au-Prince.
Le vice-président nigérian, Jonathan Goodluck, a dit dans un communiqué qu’« au moment où la communauté internationale se mobilise pour aider Haïti, elle peut compter sur le Nigeria ».
L’Afrique du Nord n’est pas en reste. Deux avions marocains, chargés de produits médicaux et pharmaceutiques, sont arrivés dimanche matin à Port au Prince, d’après l’agence de presse MAP.
Les pays les plus pauvres font aussi preuve de solidarité. Le Rwanda a promis une aide de 100 000 dollars et le Liberia une contribution de 50 000 dollars. Une goutte d’eau dans la mare des donations internationales, mais qui, mise en rapport avec les budgets de ces États, est plus que symbolique.
Générosité et controverse
Le gouvernement de la République Démocratique du Congo a annoncé qu’il envoyait 2,5 millions de dollars à Haïti après le séisme dévastateur. Cette annonce a fait controverse dans un pays qui traverse une grave crise. Un certain nombre de Congolais ont critiqué l’offre de Kinshasa. D’après le politologue Ntanda Nkere de l’Université de Kinshasa, « c’est une contradiction de voir un pays si généreux alors qu’il traverse lui-même une crise financière », rapporte BBC. Après des années de conflits, des millions de gens vivent dans la pauvreté en RDC. Mais le ministre de l’information congolais, Lambert Mende, a déclaré que « le Congo n’est pas en faillite. Il faut toujours être prêt à aider un pays frère ».
Parmi les nombreuses propositions africaines, le président sénégalais Abdoulaye Wade remporte la palme de l’offre la plus ambitieuse.
D’une part, le Sénégal a décidé de doubler son aide à Haïti en la faisant passer à un million de dollars. D’autre part, il a déclaré dimanche qu’il offrait aux Haïtiens une terre libre, justifiant son geste par « la récurrence des calamités » qui tombent sur leur île.
Le président sénégalais estime que l’Histoire des Haïtiens, descendants d’esclaves noirs acheminés d’Afrique vers les Caraïbes aux siècles passés, leur donne droit à une nouvelle vie sur le continent.
« Ce que nous disons tout simplement, c’est que les Haïtiens ne se sont pas transportés là-bas tout seuls. Ils sont là-bas du fait de cinq siècles d’esclavage», a déclaré Abdoulaye Wade.
Son idée n’est pas sans rappeler la création, au XIXème siècle, du Liberia, initialement destiné aux esclaves américains affranchis. La proposition sera soumise à l’Union africaine lors du sommet qui se tiendra à Addis Abeba le 25 janvier.
Le Sénégal a en outre décidé d’organiser un Téléthon et une émission Africavision avec les grandes chaînes de télévision du continent pour mobiliser d’importantes ressources en vue de soulager les Haïtiens.
Aider les Haïtiens est un gros effort pour des pays africains qui, pour la plupart, connaissent de grandes difficultés économiques et financières. Mais c’est un geste qui marque, on ne peut plus concrètement, leur solidarité avec ce peuple noir martyre des Amériques.