Le Président sud-africain s’est adressé à ses compatriotes concernant le Coronavirus en déclarant que la maladie respiratoire Covid-19 est maintenant un désastre national. Il a estimé que la situation est vraiment critique et que des mesures s’imposent, notamment la fermeture des écoles, les restrictions de voyage ainsi que l’interdiction des rassemblements publics. A y voir de près, le Covid-19 est devenu un désastre continental. L’Afrique peut-elle y faire face ?
Pas plus tard que le mois dernier, les pays d’Afrique subsaharienne étaient encore loin du Coronavirus. La carte interactive de l’université Johns Hopkins a montré de grandes bulles rouges presque partout dans le monde, sauf dans cette partie de l’Afrique.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, le nombre de malades dans la partie sud de l’Afrique ne cesse de monter. L’Afrique du Sud a déclaré son premier cas de Coronavirus, il y a une dizaine de jours. Aujourd’hui, le pays en recense une soixantaine. Les autres pays d’Afrique subsaharienne commencent par tomber un à un : le Rwanda, la Guinée Equatoriale ou encore la Namibie viennent de confirmer leurs premiers cas, ramenant ainsi le nombre de pays contaminés à 23. Sans parler des autres pays où le virus peut circuler silencieusement.
Les experts s’inquiètent
Les experts craignent surtout que le virus puisse faire des ravages dans les pays du sud de l’Afrique avec un système sanitaire des plus vulnérables. Une crainte clairement exprimée par Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé.
À cette faiblesse du système sanitaire s’ajoute une population avec un taux accru de malade de Sida, de tuberculose et d’autres maladies infectieuses rendant difficile le traitement du Coronavirus et facilitant sa transmission.
Par ailleurs, la distanciation sociale requise pour ce genre de maladie serait quasiment impossible dans les nombreuses villes surpeuplées d’Afrique. Même les gestes d’hygiène les plus minimes comme se laver les mains semblent être impossibles à réaliser dans ces pays où l’accès à l’eau potable est encore très difficile.
Enfin, bon nombre de pays d’Afrique subsaharienne n’ont juste pas la capacité sanitaire pour faire face à une grande propagation de la maladie et pour la prise en charge des patients. Le Kenya, un pays de plus de 50 millions d’habitants, par exemple ne dispose que de 130 lits pour accueillir les patients en soin intensif et 200 infirmières pour soigner ces patients. La plupart des pays d’Afrique subsaharienne font face au même problème de manque d’infrastructures. Ainsi, cette partie du continent ne supportera tout simplement pas une contamination à grande échelle.
Les atouts des pays d’Afrique subsaharienne
Toutefois, les pays d’Afrique subsaharienne ont un avantage majeur quand il s’agit du Covid-19 : l’âge moyen de sa population est l’un des plus bas au monde – moins de 20 ans. Or, les enfants sont rarement malades avec le Coronavirus et la plupart des jeunes adultes ne souffrent que de symptômes bénins qui ne durent pas longtemps. Seules les vieilles personnes avec un système de défense immunitaire affaibli risquent de tomber gravement malades et de mourir. Or, seuls 3% de la population d’Afrique subsaharienne ont plus de 65 ans.
Par ailleurs, des scientifiques pensent que la haute température des pays de cette partie de l’Afrique n’est pas favorable au développement du Covid-19. Une hypothèse fortement plausible vue que dans ces pays, la saison de la grippe ne commence qu’au mois d’avril, quand la température commence à descendre. Seulement, le mois d’avril c’est dans quinze jours. Il est donc urgent d’empêcher toute entrée de la maladie dans les jours à venir, avant que la situation ne deviennent hors de contrôle.