Le magasin Printemps met l’Afrique à l’honneur pour la première fois du 6 avril au 13 mai. L’évènement Africa Instinct/Expressions Africaines se veut commercial, mais aussi culturel et humanitaire. Explications de Claudine Verry, responsable du département concept et style.
Découvrir un peu de l’Afrique au Printemps, c’est possible. Les magasins de cette chaîne abritent, du 6 avril au 13 mai, l’évènement Africa Instinct/Expressions Africaines. Au programme : exposition du travail des quatre lauréats du dernier Festival international de la mode africaine (le Camerounais Anggy Haïf, le Nigerian Modela Couture, le Rwandais Bill Ruterana, et l’Ougandais Xenson), photographies, danse, atelier de couture pour commander des vêtements sur mesure (seulement dans le Printemps Haussmann de Paris), vêtements, accessoires, ateliers maquillage et autres objets de décoration. Une première, puisque le Printemps n’avait jamais lancé une telle manifestation, explique la responsable du département concept et style. Claudine Verry, actuellement en Italie pour un salon sur les meubles, a accepté de prendre quelques minutes nous éclairer sur ce projet.
Afrik.com : Pourquoi avoir décidé de lancer l’évènement Africa Instinct/Expressions Africaines ?
Claudine Verry : La vraie raison, c’est surtout le mélange des cultures. L’Afrique est une source d’émotion et esthétique incroyable. C’est une culture inspirante infinie. Cela nous paraissait important de monter un évènement commercial qui donnerait aux clients une vision un peu large sur le design, le textile, la photo… africains. La réinterprétation des vêtements africains par Isabel Marant est aussi intéressante : elle a dessiné pour nous une collection en wax de chez visco et fait des patrons destinés à l’atelier de couture qu’il y aura au rez-de-chaussée du magasin Haussmann. Les clients intéressés pourront demander aux couturières de leur coudre un modèle. Il a aussi les produits fabriqués en Afrique qui sont primaires, au sens joli du terme.
Afrik.com : Quatre lauréats du dernier Festival international de la mode africaine exposent au Printemps. Avez-vous collaboré avec le célèbre styliste nigérien Alphadi, à l’initiative de ce festival, pour monter votre évènement ?
Claudine Verry : Non. Nous sommes allés à son évènement, dont j’étais membre du jury, et nous avons demandé à ce que les œuvres des créateurs élus soient représentées lors de notre évènement, pour montrer toute leur créativité. Mais pour avoir côtoyé Alphadi, je l’ai trouvé très bien et adorable. Il a une énergie hallucinante. Je me demande comment il a fait pour organiser tout cela avec les problèmes économiques. Quand je me suis retrouvée en plein désert en voyant des artistes qui ont vraiment un talent de fou, j’étais émue.
Afrik.com : Quelle affluence et quel public attendez-vous ?
Claudine Verry : C’est difficile de répondre, car il n’y a pas une seule zone d’exposition. L’évènement va se passer dans tout le magasin. Il se passera donc quelque chose dans de nombreux endroits. Nous attendons des gens de la mode, nous voulons attirer de nouveaux clients en les surprenant et conforter nos clients privilégiés. Il faut trouver quelque chose qui leur parle et pour ça il faut leur raconter une histoire. Et je pense que les histoires de fusion de cultures, ça peut plaire. C’est dans l’air du temps.
Afrik.com : Ciblez-vous sur la clientèle africaine ?
Claudine Verry : Nous cherchons à attirer la clientèle africaine, mais pas spécialement. L’évènement est pour tout le monde. Dans nos espaces de mode, nous avons en général de nombreux Africains. Ils viennent voir des choses qu’ils ne connaissent pas et si on leur provoque une émotion particulière avec cet évènement, c’est bien ! Nous souhaitons qu’un maximum de gens vienne, que cet évènement soit joyeux et festif, au-delà du propos commercial.
Afrik.com : Les produits que vous vendrez sont créés par des Africains ?
Claudine Verry : Les marques auxquelles nous avons fait appel, comme As’Art et CSAO (qui ont un côté plus brut et plus recyclage, plus coloré, plus mode), travaillent avec des Africains. Nous avons fait des choix de présentation de certains produits, pour donner une nouvelle vision, un peu mode. Nous avons fait notre choix au travers de salons et d’opportunités diverses et variées. Nous avons des équipes de chefs de produits qui parcourent les salons et les fournisseurs qui s’occupent de cela. Et ensuite, ils cherchent à créer une cohérence, un esprit et une vision qui correspond au Printemps.
Afrik.com : Vous allez vendre des ampoules du réseau Ithemba, qui aide les femmes sud-africaines séropositives. Le fruit des ventes leur sera-t-il reversé ?
Claudine Verry : Ithemba reversera les fonds aux femmes sud-africaines séropositives. L’idée était aussi d’avoir quelques actions humanitaires. Isabel Marant travaille à la réinsertion de femmes qu’elles soient africaines ou pas et nous allons vendre les tee-shirts (« La faim justifie les moyens », du nom d’une opération autour de laquelle Alphadi a mobilisé de nombreux artistes pour lutter contre la crise alimentaire au Niger, ndlr) d’Action contre la faim. On ne peut pas parler d’Afrique si on n’a pas la décence de parler du côté humanitaire. C’est la moindre des choses. Les gens qui font du marketing en mettant leurs actions en avant, je trouve que ce n’est pas très honnête.