Après le sommet d’Abuja, la CEDEAO reprend l’initiative et pose les conditions de son retour au Sierra Leone. Bénéfice immédiat : la diplomatie a déjà commencé à supplanter les armes.
La libération des derniers soldats de l’Onu otages des rebelles du RUF, dimanche soir 28 mai, n’a été qu’en apparence le fait majeur de l’actualité sierra-léonaise du week-end. Cette libération, en fait, a été l’une des premières conséquences de la réunion au sommet de la Communauté économique de développement des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui s’est poursuivie jusqu’à lundi matin très tôt à Abuja.
En effet, ainsi qu’afrik.com l’annonçait samedi, la restitution des otages, a été obtenue de Charles Taylor, le président du Liberia, en l’échange de la promesse de soustraire Foday Sankoh, le président du RUF, aux autorités légales du Sierra Leone. Ahmad Kabbah, président du pays, a contredit ses précédentes déclarations en participant au vote – à l’unanimité – d’une motion demandant que Sankoh quitte Freetown et son transfert à l’étranger.
Un soutien en forme de prise de pouvoir
Le sommet d’Abuja a également permis de dégager un consensus sur l’envoi au Sierra Leone d’une force africaine de 3 000 hommes en renfort des Nations-Unies. Ce contingent sera composé de soldats issus de la plupart des pays qui composaient la précédente Ecomog. Il serait toutefois inclus dans les effectifs de la Minusil.
Les pays de la CEDEAO exigent que la force onusienne ainsi renforcée – et dûment refinancée – soit commandée par un officier nigérian, en remplacement du général indien Vijay Jetley. Ils veulent aussi obtenir de l’Onu une modification du mandat de la Minusil : celle-ci serait désormais chargée de pourchasser ce qui subsiste du RUF dans la campagne sierra-léonaise. L’Onu n’avait pas, lundi soir, répondu directement à cette demande. Son secrétaire général, Kofi Annan, a néanmoins déjà fait savoir qu’il ne considérait plus le RUF comme un interlocuteur possible.