Depuis le 25 mai, la Semaine de l’Afrique se tient à la maison de l’UNESCO. A cette occasion, l’association Expressions d’Afrique organise une rencontre-débat sur le thème « l’Afrique rencontre sa diaspora ». Edwige Gbaguidi, présidente de l’association initiatrice de l’évènement, a répondu à nos questions.
Du 25 au 29 mai, l’UNESCO organise la Semaine de l’Afrique, avec pour slogan « l’Afrique dans sa dynamique culturelle et sportive ». Au programme : une exposition d’objets venant de 30 pays différents, des projections de films suivis de discussions et des conférences. Cette manifestation a pour but de promouvoir les richesses culturelles du continent ainsi que des évènements et projets sportifs et de réfléchir sur des problèmes de société.
Le dernier jour, les visiteurs pourront assister à un forum anti-dopage en présence de Zinedine Zidane et d’autres sportifs africains de la diaspora.
Le même jour, le président malien sera présent et donnera une conférence sur « la gestion des conflits : le cas du Mali ». Cette semaine est aussi le cadre de nombreux débats. Le 28 mai, l’association Expressions d’Afrique organise une rencontre sur le thème « l’Afrique rencontre sa diaspora » avec comme problématique « les atouts de la diversité culturelle dans le contexte de la crise mondiale ». Cinq questions à Edwige Gbaguibi, organisatrice.
Afrik.com : Pouvez-vous présenter l’association Expressions d’Afrique ?
Edwige Gbaguidi : Toute culture véhicule des valeurs éducatives et des croyances propres. Il n’y a donc pas une seule manière de concevoir et de pratiquer l’éducation. Avec comme seule référence la vision moderne de l’éducation, beaucoup considèrent nos concitoyens (plus particulièrement les ruraux et les analphabètes) comme des personnes ignorantes. Ils sont pourtant, dans les faits, riches en connaissances diverses sur la nature et les hommes. Aussi entendons-nous valoriser l’approche africaine de l’éducation, qui comporte aussi des valeurs universelles. Expressions d’Afrique a pour but de promouvoir le patrimoine historique et culturel de l’Afrique par le prisme de l’éducation et de la communication. Il s’agit de donner des repères culturels à la jeunesse africaine et à la diaspora historique et contemporaine. Au niveau de la communication, notamment dans le secteur de l’audiovisuel, nous avons constaté que l’Afrique nous est contée, racontée à travers le regard de l’autre. Il existe bien sur des réalisateurs africains et des productions africaines, mais au final, nous constatons que le regard exogène domine le paysage de l’audiovisuel. Expressions d’Afrique organise des débats sur des questions d’actualités bien sûr, mais aussi pour parler de nos préoccupations, afin d’interpeller les décideurs sur les attentes réelles de la jeunesse et des diasporas africaines. La rencontre de l’Unesco s’inscrit d’ailleurs dans ce cadre.
Afrik.com : Pourquoi organisez-vous la journée « l’Afrique rencontre sa diaspora » ?
Edwige Gbaguidi : La diaspora africaine, en particulier la composante des afro-descendants, est concernée par les questions panafricaines. Les diasporas historique et contemporaine sont l’expression de la diversité culturelle de l’Afrique à travers le monde. Une attention particulière doit par conséquent leur être accordée. Notre rencontre s’inscrit dans le cadre de la Semaine de l’Afrique, parque c’est l’Afrique qui va à la rencontre de ses diasporas. Etant donné que les Diasporas africaines n’ont pas de plateforme d’expressions et compte tenu du fait que le Groupe Africain de l’UNESCO organise chaque année la Semaine de l’Afrique, Expressions d’Afrique a initié dans ce cadre et dans la perspective du Festival Mondial des Arts Nègres, une rencontre avec les nouveaux acteurs des diasporas africaines. L’Unesco est la première étape de notre démarche intitulée : l’Afrique rencontre ses Diasporas qui portera sur la Diversité culturelle et de la solidarité. Lorsque nous explorons, par exemple, les espaces de la traite négrière, nous observons que bien que l’Afrique soit présente dans la culture et dans les expressions, il existe toujours une forme d’ambiguïté ; certains afro descendants clament sous toutes les formes d’expressions leur besoin d’Afrique pendant que d’autres expriment, parfois timidement, une forme de rejet de l’Afrique. Cette situation peut trouver sa source dans la problématique de la mémoire, qui est liée à l’esclavage et au racisme institutionnel. Il faut aussi avouer que l’Afrique n’a pas mis en place des dispositifs pour changer le regard du monde sur l’Afrique et ses diasporas. D’où le problème de repères. Il est donc nécessaire d’établir un cadre de dialogue permanent entre l’Afrique et ses diasporas et de construire un réseau de solidarité entre l’Afrique, les Caraïbes et les Amériques. Expressions d’Afrique tente, à cette première étape, de mettre en dialogue la diaspora historique et contemporaine de l’Afrique et de faire rencontrer les acteurs et les décideurs en vue de stimuler la création de nouvelles synergies. Il est heureux de constater que le projet » L’Afrique rencontre ses Diasporas » ait rencontré un écho favorable auprès de l’Unesco, des associations, des médias et des nombreuses personnalités du monde institutionnel, artistique et sportif. Ils seront, nous en sommes certains, tous présent à la deuxième étape de notre action.
Afrik.com : Pourquoi avez-vous choisi le thème «des nouvelles solidarités et atouts de la diversité culturelle » pour le débat ?
Edwige Gbaguidi : Au moment où le monde est frappé par une crise, il importe que les décideurs impulsent de véritables actions au profit des espaces africains et américains, afin de répondre pleinement aux attentes des jeunes et des diasporas africaines. Il faut donc créer un creuset de dialogue pour trouver ensemble des solutions aux problématiques de leurs espaces respectifs. Les solutions en cours ne répondent pas du tout aux questions endogènes. L’Afrique et ses Diasporas sont concernés car elles sont souvent frappées par de nombreuses crises. Expressions d’Afrique invite par conséquent quelques nouveaux acteurs des diasporas africaines à débattre autour de : Des Nouvelles solidarités et atouts de la diversité culturelle. Comment traduire en action la philosophie de l’Union Africaine, la Priorité Afrique de l’UNESCO et les objectifs de la route de l’esclavage ? Comment favoriser la création d’un réseau de solidarité morale, intellectuelle, culturelle et humanitaire entre l’Afrique et ses diasporas ? Comment contribuer au développement économique, en mobilisant toutes les intelligences de nos espaces respectifs ? Ce sont toutes ces questions qui ont suscité le choix de ce thème.
Afrik.com : Qui participera au débat ?
Edwige Gbaguidi : Nous confirmons la participation de l’Ambassadeur du Sénégal, du Sous-Directeur général de l’Unesco chargé de l’Afrique et du Députée George Pau-Langevin. Nous attendons aussi des porte-voix de l’Afrique, Eugenie Diecky (Les Matins d’Eugenie Africa N°1), Claudy Siar (Couleurs tropicales-RFI et Tropique FM) et Amobe Mévegue (Plein Sud-RFI). Le facteur temps ne nous a pas permis d’inscrire toutes les personnalités que nous aurions souhaité. Mais étant donné que nous ne sommes qu’à l’étape de la pré-conférence, nous comptons faire mieux. Des invités comme Catherine Seznec, Dr Talleyrand, Jean-Marc Numa et Joby Valente nous diront à travers leurs témoignages, pourquoi nous devons favoriser le dialogue entre l’Afrique et ses diasporas. Nous espérons aussi la présence des communautés de l’UNESCO, du grand public et de tous les groupes intéressés par les nombreuses facettes du monde noir. En ce qui concerne le débat, Maitre Hazoumé sera, en sa qualité d’orateur, le modérateur du débat. Intervenant le premier, Lionel Zinsou, un afro-optimiste qui a encouragé la création de la Fondation Zinsou, trouvera à ses cotés Martial Ze Belinga, que l’on ne présente plus, Calie Boucaud qui nous vient du milieu associatif. Greta Morton, une historienne dont les origines (Australienne et américaines) ont motivé notre choix et Mackendie Toutpuissant, Président de Plateforme des Associations Franco-Hatiennes, Conseiller municipal à Pantin. Nous soulignons aussi que nous aurons comme rapporteurs, Odéël Dorceus, du Collectif Haïti de France et Jacques Plouin, de l’association Expressions d’Afrique.
Afrik.com : Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour organiser cette manifestation ?
Edwige Gbaguidi : Si la logistique du groupe africain et du Département Afrique de l’Unesco a permis de donner corps à notre projet, nous avons dû faire face aux questions financières. Toutefois, nous avons su compter sur notre réseau d’amitiés et de solidarités. Nous pouvons dire à cette première étape, que les difficultés rencontrées ne sauraient nous détourner de nos objectifs. Nous sommes donc fins prêts pour la deuxième étape.
Y aller:
l’Afrique rencontre sa diaspora, jeudi 28 mai à 15h à la Maison de l’UNESCO, 7, Place de Fontenoy- Paris 7ème.
Le programme