Le 58e Festival de Cannes se déroule du 11 au 22 mai. Une fois de plus, le cinéma africain est très peu représenté. Aucun film du continent n’a été sélectionné pour la compétition officielle. En revanche, trois longs métrages seront projetés dans les sections un Certain Regard et Cannes Classics.
Par Nadège Ouinsou
Action ! Le coup d’envoi de la 58e édition du Festival de Cannes a été lancé mercredi. Les festivités s’achèveront le 22 mai. Si cette année encore aucun film africain ne figure dans la sélection officielle, trois longs métrages seront présentés dans les catégories un Certain Regard et Cannes Classics. Delwende (« lève-toi et marche ») de S. Pierre Yamaeogo et Marock de Laila Marrakchi seront en lice pour la Caméra D’Or dans la section « Un certain Regard ». La catégorie, dont le jury est présidé par le réalisateur et scénariste américain Alexander Payne, se propose d’ouvrir les portes du Festival aux jeunes cinéastes. Une vingtaine de films (dont neuf premières œuvres), représentant quelque 15 pays y seront projetés.
Delwende du réalisateur burkinabé S. Pierre Yamaeogo, à qui l’on doit également sept œuvres cinématographiques[[<1>L’œuf silhouette, Dunia, Laafi, Wendemi, Silmandé, Tourbillon, Moi et mon blanc]], plante son décor au Burkina Faso. Dans un Etat confronté à la misère et au poids des traditions, les coutumes ancestrales ont souvent force de loi. Dans les campagnes, en effet, certaines morts inexpliquées sont attribuées à des mangeuses d’âmes, des femmes qui, en raison de leurs pouvoirs occultes et maléfiques, sont, pour les villageois, responsables de ces disparitions. Ces femmes sont alors marginalisées et deviennent les boucs émissaires de toute une société.
Ancienne diva nigérienne
Marock de la Marocaine Laila Marrakchi, auteur de deux documentaires[[<2>Femmes en Royaume chérifien et Derrière les portes du hammam]], se déroule à Casablanca. C’est l’année du bac. L’insouciance de la jeunesse dorée marocaine et tous ses excès : courses de voitures, amitiés, musiques, alcool, mais aussi l’angoisse de passer à l’âge adulte sont dépeints. Marock, comme un Maroc que l’on ne connaît pas, à l’image de celui de Rita, 17 ans, qui se heurte aux traditions de son pays. En vivant sa première histoire d’amour, elle va se confronter aux contradictions de son milieu, de sa famille et surtout de son grand frère pour qui l’avenir passe par un retour aux valeurs traditionnelles.
Al’lèèssi, une actrice africaine de la cinéaste nigérienne Rahmatou Keïta, titulaire de deux Sept d’or, sera diffusé dans la catégorie Cannes Classics. Le film documentaire retrace le parcours de Zaliika Souley, ancienne comédienne nigérienne. Cette dernière vit dans une banlieue de Niamey, capitale du Niger. Dans la maison de deux pièces où elle s’occupe de ses quatre enfants, il n’y a ni eau courante ni électricité. Il y a trente ans pourtant, Zallika était une star du grand écran – la première actrice africaine vraiment professionnelle. Elle a joué dans de nombreux films et travaillé avec les plus grands metteurs en scène nigériens, Moustapha Alhassan et Oumarou Ganda, et avec des réalisateurs d’autres nationalités comme Adamu Haliilu (Nigéria). Mais aujourd’hui, qui se souvient d’elle ? Et de quoi se souvient-elle ? Au gré de ses activités quotidiennes, ce documentaire évoque avec Zaliika son glorieux passé cinématographique, ses différents films, ses relations avec les réalisateurs et les autres acteurs. Elle nous parle également de la situation actuelle du cinéma africain et de ses activités de comédienne de théâtre.
Kirikou superstar
La projection du film d’animation Kirikou et le fétiche égaré, extrait de Kirikou et les Bêtes Sauvages, ouvrira la Séance des enfants. Ce dessin animé est une suite de Kirikou et la sorcière. Son réalisateur, Michel Ocelot, inaugurera cet événement le 13 mai au Grand Théâtre Lumière devant près de 2 000 enfants âgés de 8 à 12 ans. Cette « classe de cinéma » mêlera aux projections d’extraits du film, des commentaires des planches du story-board et se terminera par un concert donné par Youssou N’Dour, Rokia Traoré et Manu Dibango.
En ce qui concerne le court métrage, le Maroc est le premier pays à ouvrir la programmation « Tous les Cinémas du Monde » qui sera inauguré au Festival de Cannes le 14 mai prochain. Cette catégorie accueille pour sa première édition sept pays de cinéma : le Maroc, l’Afrique du Sud, le Mexique, l’Autriche, le Pérou, le Sri Lanka et les Philippines.
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