La France a colonisé une grande partie de l’Afrique jusqu’aux indépendances dans les années 1960. Certains analystes, comme Placide Moussounda de Nouvelle Afrique, soutiennent que l’Afrique francophone a très peu bénéficié de la France depuis l’indépendance.
Je suis de ceux qui ont toujours considéré la relation continue entre la France et l’Afrique comme suspecte et préjudiciable à la croissance et au développement du continent. Ma position s’est renforcée par une déclaration faite en 2006 par l’ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy, pendant sa campagne présidentielle, lorsqu’il a pu déclarer « La France n’a pas besoin de l’Afrique ». Il se trouve que pendant la durée du mandat du président Sarkozy, les Africains francophones ont été rapatriés en nombre de France. Or, malgré une telle humiliation et l’expulsion des Africains francophones de la France, la présence française en Afrique reste importante.
Un autre domaine dans lequel l’Afrique francophone continue de souffrir du mariage avec la France est l’imposition du franc CFA, monnaie utilisée par les anciennes colonies françaises d’Afrique centrale. CFA signifiait originellement (franc des) Colonies françaises d’Afrique et désormais Communauté financière africaine. Le franc CFA représente aujourd’hui deux monnaies utilisées en Afrique et qui sont garanties par le Trésor français, dans la zone franc d’Afrique centrale (CEMAC) et la zone franc d’Afrique de l’Ouest (UEMOA). Bien que théoriquement séparées, les deux monnaies de la zone CFA sont effectivement interchangeables.
Selon l’ancien ministre français des Finances, René Pleven, le franc CFA a été créé le 26 Décembre 1945 dans les colonies françaises afin de leur épargner une forte dévaluation, ce qui a facilité les exportations vers la France. Aujourd’hui, le bilan de la création du CFA est qu’il a nettement appauvri l’Afrique francophone. Cette monnaie est régie par trois banques centrales de l’Afrique francophone, la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) située à Yaoundé, au Cameroun, et la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) située à Dakar, le Sénégal et la Banque des Comores.
Les citoyens français qui constituent une partie du conseil d’administration des banques susmentionnées ont un droit de veto sur les décisions de ces banques, ce qui signifie que les décisions concernant le CFA sont influencées dans une très large mesure par les Français. La structuration et la composition des banques centrales rendent possibles un flot financier colossal de l’Afrique vers le Trésor public français. Cela signifie que les pays très pauvres d’Afrique financent la France. Il y aurait plus de 8000 milliards de CFA d’Afrique stockés en France. Cela signifie que des millions d’Africains sont privés de leurs revenus. Cela peut être perçu comme de l’esclavage monétaire, résultat du « mariage de désagrément » entre la France et l’Afrique francophone.
Le temps d’une nouvelle Afrique est venu. Cette nouvelle Afrique a besoin de se débarrasser du carcan du (néo)colonialisme qui continue de plonger le continent dans les égouts de la pauvreté. Sans doute est-il temps pour l’Afrique francophone d’avoir sa ou ses propre(s) monnaie(s), comme d’autres devises telles que le rand sud-africain. Permettre que les pays africains pauvres financent continuellement le Trésor français n’est pas la voie à suivre. Les Africains doivent en outre nourrir l’esprit des marchés libres et cesser de compter sur l’aide, notamment de la France.
Enfin, l’Afrique francophone doit lever les nombreuses barrières commerciales empêchant le commerce entre ses différents pays. L’Afrique francophone peut aussi mettre ne place des mesures pour faciliter le commerce avec l’Afrique anglophone et bénéficier d’une relation fructueuse qui profiterait au continent dans son ensemble, plutôt que de s’appuyer sur un « mariage de désagrément » qui n’a rien fait, si ce n’est maintenir l’Afrique francophone et l’ensemble du continent dans la pauvreté.