L’Afrique face à la peine de mort


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Les Africains débattent de la peine de mort
Les Africains débattent de la peine de mort

10 octobre, Journée mondiale contre la peine de mort. En Afrique, des initiatives marqueront cet événement au Rwanda, au Burundi, au Nigeria, au Maroc, en Algérie, au Congo, au Cameroun et ailleurs…

10 octobre, Journée mondiale contre la peine de mort. En Afrique, des initiatives marqueront cet événement au Rwanda, au Burundi, au Nigeria, au Maroc, en Algérie, au Congo, au Cameroun et ailleurs… Une Journée pour souligner la dimension internationale du combat pour l’abolition et notamment sa dimension africaine ! L’Afrique, souvent récriée pour son non respect des droits de l’homme, ne représente guère un modèle en ce qui concerne la peine de mort. La récente médiatisation de cas comme celui d’Amina Lawal au Nigeria, l’exécution de 40 condamnés en 2002 au Soudan prouvent que des progrès immenses restent à accomplir. La condamnation à mort de terroristes au Maroc suite aux attentats de Marrakech place la peine de mort au cœur de l’actualité du continent africain.

L’abolition de la peine de mort, qui met fin à l’application d’un traitement de torture inhumain et dégradant, représente une étape majeure dans la progression des droits de l’Homme et s’inscrit dans un combat plus général en faveur de la démocratie ; plus qu’un symbole, l’abolition représente l’aboutissement de la mise en place d’une véritable démocratie, soucieuse du respect des droits humains. C’est avec cette vision que, dès 1995, les élus d’Afrique du Sud avaient décidé courageusement, malgré l’opposition de la majorité de la population, d’abolir la peine de mort afin de mieux tourner la page des sombres années de l’Apartheid.

Et, de fait, depuis 1990, plusieurs autres pays africains l’ont aboli à leur tour : le Mozambique, la Namibie, l’Angola, la Guinée-Bissau, Djibouti, l’Ile Maurice, la Côte d’Ivoire. Au total, neuf pays africains sont abolitionnistes pour tous les crimes. De nombreux autres pays n’appliquent plus la peine de mort depuis plus de 10 ans : c’est le cas du Burkina Faso, de la Centrafrique, de la République Démocratique du Congo (ayant rompu il y a un an un moratoire sur les exécutions qui n’ont cependant pas repris), de la Gambie, de Madagascar, du Mali, du Niger, du Sénégal, du Togo… Ces pays sont porteurs d’espoir pour les abolitionnistes du monde entier. Le 16 mai 2002, le nouveau gouvernement malien, dirigé par Amadou Toumani Touré, a prononcé un moratoire de deux ans sur les exécutions. En avril 2002, en Tanzanie, le Président Benjamin Mkapa a commué la condamnation à mort d’une centaine de personnes en peine d’emprisonnement à vie. Pourtant, le gel des exécutions n’est pas suffisant et doit devenir abolition de droit.

Sur le plan international, seuls le Mozambique, la Namibie, les Seychelles, Djibouti et l’Afrique du Sud ont ratifié le protocole n°2 du Pacte des Droits civils et politiques des Nations unies qui condamne la peine de mort.

L’Afrique connaît un phénomène surprenant : les pires criminels qui soient, auteurs du génocide du Rwanda, sont jugés par le tribunal d’Arusha en Tanzanie et n’encourent pas la peine de mort. Dans le même temps, d’autres tribunaux – locaux ceux-ci -, condamnent à mort des criminels engagés dans la même tragédie. Enfin, au Maroc, pour d’autres crimes contre l’humanité, des terroristes sont actuellement condamnés à mort. Ces contradictions judiciaires nous montrent l’ampleur du travail à accomplir : oui, une justice internationale se met en place sans peine de mort, non, la peine de mort ne sert à rien pour juger des criminels et ne peut que les élever en martyrs lorsqu’ils sont animés d’une idéologie de mort. Trop de pays refusent encore de souscrire à cette politique pénale de bon sens, dictée par la raison. Autant d’exemples du chemin à parcourir pour voir disparaître la peine de mort du continent africain.

Michel Taube et Céline Bretel, ECPM (Ensemble contre la peine de mort).

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