L’Afrique face à la gestion de l’eau : un défi économique et écologique crucial


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Rapport sur l'économie de l'eau
Rapport sur l'économie de l'eau

L’eau, ressource précieuse et limitée, est au cœur de nombreux défis économiques, écologiques et sociaux, et l’Afrique se trouve en première ligne de cette crise mondiale. Le rapport « The Economics of Water », publié par la Global Commission on the Economics of Water, met en lumière l’urgence de réformer la gestion de l’eau pour garantir un avenir durable, en particulier pour les régions vulnérables comme l’Afrique.

Alors que le continent connaît une croissance démographique rapide et fait face à des changements climatiques dévastateurs, l’eau devient un enjeu crucial pour la sécurité alimentaire, la stabilité économique et la résilience environnementale. Dans un rapport qui fait date, la Commission mondiale sur l’économie de l’eau pose clairement les enjeux et  présente les atouts et les risques pour le continent africain.

Un potentiel sous-exploité

L’Afrique est dotée de vastes ressources en eau souterraine peu profondes, un atout majeur pour la production agricole. Le rapport souligne que 255 millions de personnes vivant dans la pauvreté se trouvent au-dessus de ces ressources souterraines largement inexploitées. Contrairement aux barrages de grande envergure, souvent coûteux et perturbateurs, l’usage de pompes solaires abordables pourrait transformer l’agriculture africaine. Ces technologies permettraient d’exploiter cette eau à un coût marginal quasi nul, tout en réduisant l’impact environnemental.

Cependant, l’extraction excessive de l’eau souterraine présente des risques, notamment pour les écosystèmes dépendants de ces ressources. Le rapport préconise donc la mise en place de politiques incitatives pour réguler l’extraction et promouvoir des pratiques agricoles durables, telles que la conservation de l’humidité des sols et la collecte des eaux de pluie. Ces mesures pourraient améliorer la résilience de l’agriculture africaine, qui repose en grande partie sur l’eau de pluie.

Une révolution agricole nécessaire

En effet, avec la croissance démographique prévue sur le continent, une transformation radicale des systèmes agricoles est indispensable. L’Afrique, dont la majorité des terres cultivées dépendent des pluies, est particulièrement vulnérable aux changements des schémas de précipitations. Le rapport appelle à une révolution verte 2.0 axée sur l’amélioration de la productivité de l’eau. En augmentant les rendements par goutte d’eau, en adoptant des semences résistantes au climat et en améliorant les techniques d’irrigation, l’Afrique pourra nourrir ses populations croissantes.

En outre, selon le rapport, il est impératif de promouvoir l’agriculture régénératrice, une approche visant à restaurer la santé des sols et à maximiser la rétention d’eau. Ce modèle pourrait couvrir jusqu’à 50 % des terres agricoles mondiales d’ici 2050, ce qui aiderait à maintenir la productivité malgré les défis climatiques.

Préserver les habitats naturels pour protéger l’eau verte

Le rapport souligne également l’importance de préserver les écosystèmes critiques, tels que les forêts et les zones humides, qui jouent un rôle clé dans la régulation du cycle hydrologique. En Afrique, la déforestation liée à l’expansion agricole perturbe les précipitations et menace la sécurité alimentaire. Protéger et restaurer au moins 30 % des écosystèmes forestiers et d’eau douce d’ici 2030 est crucial pour maintenir un cycle de l’eau stable.

En adoptant une gestion innovante et durable de l’eau, le continent peut répondre aux besoins de ses populations, mais aussi jouer un rôle central dans la stabilisation du cycle hydrologique mondial. Mais, conclu le rapport, cette évolution notable implique la mobilisation des gouvernements, des acteurs privés et des communautés locales.

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