L’Afrique est en deuil avec le décès d’Hervé Bourges


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Hervé Bourges est décédé hier soir à Paris, à l’âge de 86 ans. C’est une grande perte pour le continent africain, pour les médias francophones et pour les équipes d’Afrik, dont il avait toujours été proche. Hervé Bourges était et restera toujours un homme d’exception, dont le regard bienveillant sur le journalisme va manquer dans la période à venir ou les fake news prolifèrent.

Extraits choisis de ses échanges avec Afrik

Hervé Bourges : L’Algérie a été plus qu’un tournant dans ma vie. J’y ai séjourné longuement à deux reprises. La première fois, en 1958, en tant qu’officier de l’armée française durant la guerre d’Algérie. Puis mon second séjour a duré quatre ans, de 1962 à 1966. Un séjour pendant lequel je travaillerai, entres autres, comme conseiller au cabinet du premier président algérien Ahmed Ben Bella. Puis auprès d’Abdelaziz Bouteflika, alors ministre de la Jeunesse et des Sports. Ceci jusqu’au coup d’Etat de Houari Boumediene, après lequel je rentrerai au service de Bachir Boumaza, ministre de l’Information. L’une des mes principales tâches, à cette époque, sera la formation des journalistes algériens.

Hervé Bourges et Olivier Zegna-Rata, le 21 novembre 2014 à Dakar (Sénégal)
Hervé Bourges et Olivier Zegna-Rata, le 21 novembre 2014, au Consulat de France à Dakar (Sénégal)

Hervé Bourges : Il est vrai que la libre expression n’est pas toujours de bon ton en Afrique quand il s’agit de certains gouvernements. Il est aussi vrai que certains de mes élèves ont été assassinés ou emprisonnés. Mais les choses changent et ont changé. Au-delà même de la liberté d’expression, il s’agit de la survie économique de ces quotidiens. Au Cameroun, un trentaine de titres sont sur le marché. Comment survivent-ils quand on sait que le marché de la publicité, qui finance la presse, est quasi inexistant ? Le paramètre financier entrave aussi le travail des journalistes. C’est un problème qu’il ne faut pas éclipser.

L’Afrique un continent de création

Continent des origines de l’humanité, par définition continent de création et de genèse, l’Afrique est aujourd’hui terre nourricière pour la production artistique et culturelle du reste du monde, ses artistes innovent dans les genres les plus divers, musique, peinture, sculpture, architecture, littérature, théâtre, danse, mode, toutes les muses se sont données rendez-vous sur cette terre si bien chantée par Senghor. Révélation pour un marché de l’art qui tourne en rond en Europe et singulièrement en France : les inventeurs de nouvelles esthétiques sont africains, ou nourris par l’Afrique, et Hervé Bourges les évoque avec justesse et gourmandise dans son ouvrage l’Afrique n’attend pas.

Abubakr Diallo, Hervé Bourges et Olivier Zegna-Rata, le 21 novembre 2014, au Consulat de France à Dakar (Sénégal)
Abubakr Diallo, Hervé Bourges et Olivier Zegna-Rata, le 21 novembre 2014, au Consulat de France à Dakar (Sénégal)

Sur l’Algérie, Hervé Bourges avait réalisé un documentaire, ou l’on retrouve toute l’histoire du pays, sur le président Chadli Bendjedid mais aussi sur la montée en puissance de la jeunesse algérienne, bien avant l’Hirak.

Hervé Bourges a été, entre autres, ancien Président de RFI, TF1, France 2, France 3, France Télévisions, du Conseil supérieur de l’Audiovisuel, actuel Président du Comité Permanent de la Diversité, a aussi été membre du cabinet d’Ahmed Ben Bella, premier président de l’Algérie indépendante.

En hommage à l’Afrique, Hervé Bourges a publié un dictionnaire véritable bible des amoureux du continent.

Hervé Bourges parmi les journalistes d'AFRIK.TV
Hervé Bourges parmi les journalistes d’AFRIK.TV
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