Quand on parle de zouk, on pense à Phil Control. Une musique dont il aura été l’un des premiers artisans et dont il est l’un des plus fidèles défenseurs. L’artiste antillais, qui prépare un nouvel album pour mars 2002, bat en brèche les à priori entre Créoles et Africains en saluant l’accueil extraordinaire qu’il reçoit à chaque fois en Afrique. Prochaine scène prévue : le 9 décembre à Paris.
Onze ans de carrière et plus qu’autant d’albums à son actif, Phil Control est un vieux de la vieille de la musique zouk. Il fait partie des rares artistes antillais des débuts à tenir le flambeau d’une musique qui a pris ses lettres de noblesse avec le groupe Kassav. Ne vous attendez pas à ce qu’il fasse du zouk R’n B ou du zouk je ne sais quoi, même s’il ne dénigre pas la nouvelle vague, Phil Control est partisan d’un zouk proche de ses racines. Contrairement à ce que beaucoup pourraient croire, pa ni problem entre les Créoles et les Africains. Ça, ce sont des a priori entretenus entre les deux communautés en France. En Afrique, la réalité est heureusement tout autre. Mais avant la sortie de son dernier opus prévue pour mars 2002, l’artiste se produira le 9 décembre prochain à Paris.
Afrik : Quel est votre sentiment sur l’animosité souvent très marquée qui existe entre les Antillais et les Africains ?
Phil Control : Je crois que c’est un mauvais procès. Tout cela est vrai en France, mais une fois que l’on va en Afrique on se rend compte que c’est complètement faux. Je dois avouer que moi aussi j’avais au départ des à priori par rapport aux Africains, mais une fois sur place, tu t’aperçois que les Africains d’Afrique ne sont pas comme les Africains de France. En Afrique, vous trouvez un accueil et un enthousiasme qu’il n’y a nulle part ailleurs. C’est en Afrique que je me sens le mieux quand je chante. Et je peux vous dire que les Antillais sont très aimés des Africains. D’ailleurs, le zouk, qui est un aujourd’hui un de nos éléments culturels, est une musique totalement intégrée dans beaucoup de pays africains. Elle est même numéro un dans un pays comme le Gabon. Artistiquement parlant, l’Afrique c’est vraiment l’endroit pour le zouk. Tout artiste qui se dit artiste zouk devrait aller faire des concerts en Afrique pour s’en rendre compte.
Vous chantez le plus souvent en français dans vos chansons et non en créole. Ne pensez-vous pas que ça dénature un peu le zouk ?
Il n’a jamais été dit qu’il fallait chanter le zouk en créole. Le français est aussi ma langue. Et puis tout le monde ne comprend pas le créole et pour ma part, j’ai envie que le gens comprennent ce que je chante. Je ne pense pas qu’en chantant en français je dénature la musique antillaise.
Etes-vous conscient d’être un des derniers artistes des débuts du zouk ? Est-ce que ça ne vous fait pas un peu peur et que gardez-vous de cette époque ?
C’est vrai qu’avec des personnes comme Kassav et Edith Lefel, qu’on ne présente plus, nous sommes les derniers de cette époque-là. (Puis, dans un sourire) Mais on est là, on essaie de tenir. Pour moi le vrai zouk, c’est le groupe Kassav. C’est le groupe mythique qui a fait du zouk ce qu’il est aujourd’hui. Avant, la musique antillaise était seulement considérée comme du folklore, maintenant, grâce à Kassav – ils ont été disque d’or – c’est un genre musical à part entière.
Quand vous parlez de vrai zouk justement, est-ce à dire que vous n’appréciez pas la nouvelle vague, comme le zouk R’nB par exemple ?
Je ne suis pas partisan d’aller trop loin dans le mélange. Il y en a qui le font et qui le font bien, mais je trouve que le zouk est l’une des choses que nous avons de plus cher, ça fait partie de notre culture, c’est notre musique. Je reste personnellement attaché à mes racines. Je dis cela parce que j’ai été élevé dans le contexte du départ du zouk, mais c’est vrai que si j’avais dix-sept ans, peut-être que oui, je serais pour la fusion des genres.
Et que pensez-vous de l’afro zouk ?
L’afro zouk, c’est la synthèse des zouks antillais nourrie des naturelles influences africaines. Et il y a de très bons artistes du genre, appréciés par tous ceux qui aiment le zouk. Tout le monde connaît Monique Seka par exemple et un artiste comme Oliver N’Goma a vraiment cartonné aux Antilles.
Par Bernard Bessoko