La troisième conférence sud-africaine sur le SIDA s’est tenue du 6 au 8 juin à Durban, où elle a réuni plus de 4000 délégués, chercheurs, scientifiques et médecins. La circoncision masculine a été au coeur des débats.
La première bonne nouvelle de cette troisième conférence nationale contre le SIDA en afrique du sud, c’est d’abord le constat qu’elle s’est tenue, que le gouvernement sud-africain y a témoigné quotidiennement de son implication et de ses résolutions, et donc que par là-même on peut désormais dire que ce problème essentiel de santé publique est pris à bras le corps par les autorités. Nous n’en étions pas là au cours des dernières années. Quel chemin parcouru depuis les premières déclarations publiques de Thabo Mbeki, pour le moins maladroites…
12% des Africains du sud malades du SIDA…
Or il y a bien problème de santé publique en Afrique du sud, avec 12% des 47 millions d’habitants environ qui seraient infectés par le virus, avec un millier de morts quotidiens, frappés par le SIDA ou ses maladies opportunistes…
La deuxième bonne nouvelle, c’est que cette amélioration du climat et de la prise de conscience, se traduit par une franche résolution de mettre en oeuvre une prise en charge des malades et un plus forte préventions : le gouvernement a promis que plus de médicaments anti-rétroviraux seraient disponibles bientôt, que les tests de dépistages seraient développés, et que de grands efforts seraient faits pour l’accompagnement des malades…
Evidemment, tout cela survient sur un fond somble : les violences domestiques et les viols sont responsables d’un très grand nombre de contaminations chez les femmes et les jeunes filles, qui représentent plus de la moitié des 1500 nouvelles contaminations relevées chaque jour…
La circoncision : une solution à 60% ?
Cette situation épidémique éclaire d’un jour amer les débats qui ont eu lieu autour de la circoncision, dont l’OMS admet nettement qu’elle diminue les chances d’attraper le SIDA pour les hommes qui ont subi l’ablation de leur prépuce.
Nombre d’associations et de médecins craignent qu’une pratique systématique de la circoncision conforte les mâles dans l’illusion qu’ils sont hors d’atteinte de la maladie. Or ils resteraient alors très nombreux, même circoncis, à risquer l’infection par le VIH au cours de leurs pratiques sexuelles, queles qu’elles soient : le taux de protection oscille selon les études entre 50 et 60%. Autant dire la roulette russe…
L’illusion d’être protégés par la rigidité et l’épaisseur de la peau de leur membre, après sa cicatrisation post-traumatique, risque alors de convaincre un plus grand nombre d’hommes à ne plus se préoccuper ni de fidélité, ni de protection contre le VIH… Au risque de devenir les meilleurs vecteurs de la maladie!
Mais la plupart des chercheurs présents en conviennent : des procédures de circoncision systématiques, réalisées dans des conditions d’hygiène et de prophylaxie complète, seraient un bon moyen de couper court à l’infection… des hommes. Il sera d’autant plus nécessaire de se préoccuper alors du sort des femmes, et des moyens de protection spécifiques qu’elles requièrent.