Plus d’un million de fonctionnaires sont en grève depuis hier en Afrique du Sud. Ils exigent des augmentations de salaires, et menacent de paralyser la première économie du continent par une grève « illimitée ».
Un immense défilé a lieu en ce moment à Johannesburg. Les autoroutes sont barrées, les écoles sont fermées pour la deuxième journée consécutive. Certains hôpitaux sont bloqués par des grévistes et les forces de police ont même été obligées d’user de flash ball pour permettre l’accès à un hôpital de Soweto.
La cause de ce mouvement social ? Les syndicats affiliés au Cosatu, le principal syndicat national, exigent une hausse des salaires de 8,6%, et une indemnité de logement de 1000 rands (107 euros). Ils ont rejeté la dernière offre du gouvernement qui proposait une augmentation de 7% et une allocation logement de 700 rands (75 euros).
La grève a ainsi été déclarée après quatre jours de négociations infructueuses. Le mouvement devrait d’ailleurs se durcir dans les jours à venir. Le ministre des services publics, Richard Baloyi déclarait hier «Notre capacité à payer est effectivement épuisé ». En réponse, Fikile Majola, secrétaire général du syndicat du personnel de l’éducation et de la santé a rétorqué : « la grève est illimitée. Elle se poursuivra jusqu’à ce que le gouvernement réponde à nos demandes. »
Les policiers, médecins, travailleurs de la santé, employés des tribunaux et fonctionnaires des douanes sont également en grève. Le Cosatu fait état de près 90% de grévistes, soit environ 1,3 millions de personnes.
Dans le privé également on se mobilise
Le secteur automobile est également secoué par un mouvement de grève, qui a rassemblé la quasi totalité des 300 000 employés. Ceux-ci ont marché ce mercredi vers le siège de l’association des constructeurs automobiles à Pretoria.
Les observateurs s’attendent à la conclusion de ce mouvement social, au plus tard d’ici à la fin du mois. Ils soulignent qu’un accord coûterait au moins 5 milliards de rands (environ 540 millions d’euros). Ce qui devrait alourdir un peu plus les dépenses de l’État, qui enregistre un déficit représentant 6,7 % du PIB.
Si la grève venait à se prolonger, l’opinion publique pourrait se retourner contre les syndicats. En effet, dans un pays où 43% de la population vit sous le seuil de pauvreté, un fonctionnaire de rang intermédiaire gagne déjà 40% de plus que l’ouvrier sud-africain lambda, dont le salaire mensuel moyen est de 6383 rands (environ 690 euros).