L’Afrique du Sud envoie un émissaire spécial à Washington


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Cyril Ramaphose, Président d'Afrique du Sud
Cyril Ramaphose, Président d'Afrique du Sud

Pour sortir de la crise avec les États-Unis, le président Cyril Ramaphosa nomme Mcebisi Jonas émissaire spécial à Washington. Un geste fort destiné à réparer les liens diplomatiques fragilisés par des tensions politiques et économiques grandissantes.

Alors que les relations entre Pretoria et Washington traversent une zone de turbulences inédite, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a pris une décision audacieuse. Ce lundi, il a nommé Mcebisi Jonas, ancien vice-ministre des Finances, en tant qu’envoyé spécial aux États-Unis. Un choix stratégique destiné à désamorcer les tensions croissantes avec l’administration Trump et à relancer une coopération mise à mal par une série de différends politiques, économiques et diplomatiques.

Réparer un dialogue rompu

La désignation de Mcebisi Jonas intervient dans un contexte tendu, marqué par l’expulsion récente de l’ambassadeur sud-africain à Washington, Ebrahim Rasool, jugé « persona non grata » après des propos critiques à l’encontre de Donald Trump. Depuis, l’Afrique du Sud se retrouve sans représentation diplomatique directe dans la capitale américaine. En réponse, Ramaphosa mise sur Jonas, figure respectée du paysage politique sud-africain, pour incarner un canal de dialogue direct avec les décideurs américains et apaiser une relation dégradée.

Lors de l’annonce, le chef de l’État sud-africain a rappelé l’importance des liens « historiques et stratégiques » entre les deux pays. Il a insisté sur sa volonté de restaurer une coopération bilatérale basée sur le respect de la souveraineté et des intérêts mutuels. Une déclaration qui sonne comme un contre-pied aux accusations formulées par Donald Trump, notamment sur la question sensible de l’expropriation des terres agricoles, que le président américain a interprétée comme une attaque contre la minorité blanche du pays.

Commerce et diplomatie au cœur de la mission

Mcebisi Jonas aura pour tâche de redéfinir les bases d’un partenariat plus équilibré. Chargé de défendre les priorités sud-africaines en matière diplomatique, économique et commerciale, il devra également rassurer les investisseurs américains tout en négociant dans un climat international marqué par la polarisation. Le président Ramaphosa a d’ailleurs souligné que le commerce entre les deux nations « doit rester libre, prévisible et régi par un système fondé sur des règles ».

Une nomination face à une pression américaine accrue

La mission de Jonas ne sera pas simple. Les dernières décisions de l’administration Trump, notamment la réduction de l’aide américaine à l’Afrique du Sud, ainsi que les critiques virulentes envers la politique étrangère sud-africaine — notamment son action contre Israël à la Cour internationale de justice — compliquent les rapports entre les deux puissances. Donald Trump a même menacé de boycotter le sommet du G20 prévu à Johannesburg, remettant en cause le leadership sud-africain sur la scène internationale.

En nommant un envoyé spécial à Washington plutôt qu’un nouvel ambassadeur, Pretoria fait le choix de la diplomatie agile. Mcebisi Jonas, dont le profil technocratique et modéré contraste avec les clivages actuels, pourrait bien représenter une carte de réconciliation. Reste à savoir si la Maison Blanche sera réceptive à cette main tendue.

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