La censure est toujours de mise et s’accroît sur les blogs qui suscitent de plus en plus d’intérêt. C’est ce qu’indique la deuxième édition du rapport du Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (Arabic Network for Human Rights Information, HRInfo) sur l’Internet et la libre expression dans le monde arabe. L’enquête a porté sur 18 pays arabes dont 5 sur le continent africain.
La censure sur les inforoutes de l’information est toujours d’actualité dans les pays arabes africains, indique le deuxième rapport Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (Arabic Network for Human Rights Information, HRInfo). L’étude passe donc en revue la situation de l’Algérie, de l’Egypte, de la Libye, du Maroc et de la Tunisie au regard de la liberté d’expression sur Internet. Dans tous ces pays, HRInfo constate, à l’instar de leurs 15 autres voisins arabes, une véritable culture de la censure à laquelle la Toile n’échappe pas, même si elle offre un plus important espace de liberté. Notamment aux bloggeurs qui font de plus en plus les frais d’une régression de la liberté d’expression. Ces pays procèdent dans leur majorité à des arrestations d’internautes à l’exception du Maroc. La Tunisie s’impose ainsi comme le pays le plus répressif dans ce domaine. Paradoxalement, ce pays, tout comme l’Egypte, met un accent particulier sur le développement des nouvelles technologies et de l’Internet.
Le nombre d’internautes tunisiens est estimé à 1, 148 millions et, comme souvent dans le monde arabe, ce sont les sites politiques qui sont l’objet de la censure et les journalistes et éditeurs qui les alimentent sont emprisonnés. Le drame des internautes de Zarzis, des jeunes gens arrêtés et torturés pour des comportements subversifs présumés, en est une illustration. Une réalité que n’admet pas le gouvernement tunisien qui se borne à affirmer que seuls les sites pornographiques et terroristes sont concernés par de telles mesures. Selon l’activiste Sihem Bin Sedrine, plus de 400 employés du ministère tunisien de la Communication ont pour mission de contrôler tous les échanges des Tunisiens sur le Net. Ainsi le bloggeur Sami Ben Gharbia est à l’origine du premier exil électronique. Ne pouvant créer un blog dans son pays, il a éte obligé de s’addresser à un service de blogs égyptiens. Bien que l’Egypte ne soit pas, non plus, un saint en matière de censure.
Le mauvais élève tunisien et le modèle marocain
Il y a 5,3 millions d’internautes égyptiens, et bloquer des sites sans se justifier est une spécialité au pays des pharaons. Les principales victimes sont encore les formations politiques et les activistes. Les autorités égyptiennes censurent également les journaux. Ce fut le cas en 2000 du journal du parti travailliste, Al-Sha’ab. Quant aux blogs, le dernier cas en date est celui d’un étudiant de 22 ans, connu sous le pseudonyme de Kareem Amer, en novembre 2006. Les lois régissant la presse, comme dans la plupart des cas, ont été appliquées pour lui « rendre justice ». Il sera incarcéré pendant 19 jours au total pour avoir osé exprimer ses opinions.
En ce qui concerne la Libye, qui compte environ un million d’internautes (le chiffre date de 2003), elle n’a pas de politique particulière en matière de censure, ni même en terme de développement de l’infrastructure. Mais l’Etat s’emploie systématiquement à censurer les partis politiques d’opposition. Dans ce lot de mauvais élèves, l’Algérie et surtout le Maroc pourraient faire figure de havres de paix pour Internautes arabes. L’Algérie, avec ses 3 millions d’internautes, garantit une certaine liberté d’expression sur le Net à ses utilisateurs. Le rapport estime que cette situation serait due au fait que le medium est encore peu développé. Cette liberté d’action pour les amoureux de la Toile se retrouve également au Maroc, où, par contre, l’usage de l’Internet fait de plus en plus partie des habitudes. Un internaute – le pays en compte plus d’un million – est quasiment certain de ne pas être inquiété s’il ne s’en prend ni à son cher souverain, ni a des sujets qui fâchent comme le Sahara Occidental que les autorités marocaines considèrent comme faisant partie intégrante de leur territoire.