La question d’une éventuelle Union africaine éclipse les autres sujets abordés au cours du 36ème sommet de l’OUA depuis hier. Et pendant ce temps, les guerres continuent…
Muammar El-Kadhafi, le leader libyen, est en grâce auprès de son collègue Gnassingbé Eyadema, chef de l’Etat togolais et désormais président en exercice de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Les portraits géants de Kadhafi apposés dans les rues de Lomé, ces jours-ci, pousseront-ils les congressistes réunis en sommet à adhérer au projet libyen d’une Union africaine fédérale pour succéder à l’OUA vieille de trente-sept ans ?
Eyadema semble l’espérer, comme de nombreux autres chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest, et comme les leaders sahéliens qui ont bénéficié du soutien de la Libye depuis de nombreuses années.
Rien n’est moins sûr, en revanche, si l’on considère la position hostile au projet des grands contributeurs que sont l’Algérie, le Nigeria ou l’Afrique du sud notamment. Le sommet extraordinaire qui sera convoqué à Syrte en septembre permettra d’en savoir plus sur le destin de cette idée d’union déjà ancienne. Quoi qu’il en soit, le thème a éclipsé ceux du sida, de la résolution des conflits ou de la dette qui figuraient également à l’ordre du jour de Lomé 2000. A juste titre peut-être : un diplomate d’Afrique centrale n’a-t-il pas fait part à RFI de son inquiétude face à un débat » qui risque de couper l’Afrique en deux « ?
Absents de marque
Quelle que soit la façon dont s’organisera le dialogue interafricain à l’avenir, il semble qu’il y aura peu de raisons de regretter l’OUA, tout au moins si l’on considère son efficacité actuelle. Comme l’ONU – mais avec l’excuse de disposer de moyens infiniment inférieurs – l’OUA échoue régulièrement à éteindre les conflits régionaux sur le continent. A Lomé, l’exception de la guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée, enfin achevée grâce à l’entremise algérienne, n’a pas fait oublier l’absence du congolais Laurent-Désiré Kabila, ni celle de son allié angolais, ni celle de Robert Mugabe…
Que ce soit de leur propre initiative ou faute d’avoir été invités, les gouvernants des nations en guerre sont donc absents de la réunion qui, en principe, devrait arbitrer leurs conflits. Face à cette réalité, la proposition libyenne d’Union africaine s’apparente à une discussion sur le sexe des anges.