Jacques Chirac, n’a pas réussi à mettre l’Afrique et le Nepad au premier plan des discussions du G8 à Evian (France). Occulté par les questions relatives au terrorisme international et la paix au Moyen Orient, le continent obtient toutefois une aide supplémentaire d’un milliard de dollars pour lutter contre le sida.
Du sommet du groupe des huit pays les plus industrialisés du monde (G8), l’Afrique ne récolte que des miettes. Le Président français, Jacques Chirac, n’a pas réussi à mettre l’Afrique et le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) à l’honneur. Avant la publication ce mardi du communiqué final, on peut d’ores et déjà estimer que le continent sort perdant de la rencontre d’Evian (France). Il décroche néanmoins une aide supplémentaire d’un milliard de dollars par an pour lutter contre la pandémie du sida et la promesse d’être dans l’agenda du G8…en 2005, en Grande Bretagne. Piètre consolation !
» S’il ne tient qu’à moi, l’Afrique sera vraiment la priorité du G8. Dans tous les cas, c’est ce qui est prévu pour ce G8 là « , annonçait ce dimanche Jacques Chirac à l’occasion de l’ouverture du sommet. Le chef de l’Etat français, qui qualifie l’Afrique de » continent négligé « , entendait le faire rentrer de plein pied dans la mondialisation et convaincre les pays industrialisés de mettre la main à la poche pour la mise en oeuvre du Nepad. Il semble que les voeux pieux de Jacques Chirac resteront lettres mortes.
L’épine américaine
L’Afrique nourrissait de gros espoirs à Evian après les belles déclarations d’intention à Kananaskis (Canada) où les pays riches avaient manifesté la ferme volonté de s’engager concrètement dans le processus de développement du continent. Mais le plan Marshall pour l’Afrique a les traits d’un avorton. Dans un contexte tendu d’après guerre (conflit irakien), le contentieux diplomatique entre la France et les Etats-Unis a sans doute pesé dans la balance. Derrière les politesses et les poignées de main symboliques entre Bush et Chirac, les relations ne sont pas au beau fixe entre les deux puissances.
Le chef de la Maison Blanche n’assistera d’ailleurs pas à la fin du sommet. Il s’est envolé ce lundi pour Cham-el-Cheikh pour une réunion avec les pays arabes sur le plan de paix au Moyen Orient. Jacques Chirac, qui avait convié 19 pays émergents dimanche aux débats, prône un » monde bipolaire » et un » dialogue élargi » entre le Nord et le Sud. Il a obtenu des dirigeants anglais qu’il en soit ainsi au sommet du G8 de 2005. Washington estime pour sa part que les » alliés agissent en partenaires, pas en fonction de pôles » et qu’il est prématuré de parler de liste d’invités pour le sommet de 2004 d’autant plus que le lieu, aux Etats-Unis, n’a pas encore été choisi.
Un milliard de dollars pour le sida
Seule véritable bonne nouvelle pour l’Afrique et plus largement les pays du Sud, c’est la décision de l’Europe d’augmenter d’un milliard de dollars le Fonds mondial de lutte contre le sida. La France ayant décidé, pour sa part, de tripler sa contribution. Une décision que n’a pas manqué de saluer le président sud-africain Thabo Mbeki. Même si la lutte contre le sida ne figure pas dans les » super priorités » du Nepad.
Rien de concret n’a été annoncé, en revanche, sur les questions de la dette africaine ou le problème des subventions agricoles. Les seuls domaines où les pays riches renouvellent leurs engagements auprès de l’Afrique sont l’eau et la sécurité alimentaire, également absents tous deux de la feuille de route du Nepad. Des thèmes, certes importants, mais qui font figure de broutilles au vu des réels enjeux que représentait ce sommet. De plus, les choses ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices pour 2004, prochain rendez-vous du G8 prévu sur le sol américain. Les Etats-Unis ne semblent pas avoir pris au sérieux l’initiative du Nepad.