La communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a écarté l’idée d’une intervention militaire à Madagascar. Lors d’un sommet consacré à la crise politique malgache, le bloc régional a prôné, samedi, le dialogue entre le chef de la Haute autorité de transition (HAT), Andry Rajoelina et le président évincé. Une décision qui vient compromettre les ambitions de Marc Ravalomanana qui comptait s’appuyer sur la SADC pour reprendre les rênes du pays.
La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) se rallie aux positions de l’Union africaine et des Nations Unies, au grand dam de l’ancien président, Marc Ravalomanana. Réuni à Johannesburg, samedi, lors du sommet consacré à la crise politique à Madagascar, le bloc régional a appelé les parties « à s’engager à une résolution négociée pacifique et à s’abstenir de recourir à des solutions violentes ». Quatre jours après l’échec des négociations, l’heure est à « la promotion du dialogue » entre Andry Rajoelina, le chef de la Haute autorité de transition (HAT), et le président Marc Ravalomanana, évincé du pouvoir le 17 mars dernier. La nomination, dimanche, au poste de médiateur de l’ex-mozambicain, Joaquim Chissano, qui sera chargé de coordonner les pourparlers inter-malgaches, s’inscrit dans ce nouvel axe de sortie de crise, amorcé par l’Afrique australe. Une politique en rupture avec la précédente.
Pas d’intervention militaire de l’Afrique australe
Fin mars, la SADC ne tenait pas le même discours. Elle avait envisagé de recourir à des « stratégies », sous-entendues militaires, dans le cas où l’ancien chef d’Etat ne reprendrait pas ses fonctions. Ce changement de cap du bloc régional est un coup dur pour Marc Ravalomanana. Interrogé par l’AFP, l’entourage de l’ancien président a refusé de faire le moindre commentaire sur les nouvelles positions de la SADC, qui apparaissent comme un revers pour lui. Le 10 juin, il avait en effet estimé que « toutes les options, y compris une intervention militaire », devaient être étudiées pour « restaurer l’état de droit » dans son pays. Deux jours plus tôt, le Marché commun d’Afrique du Sud et de l’Est (Comesa) s’était rallié à l’Afrique australe et avait évoqué la possibilité d’une « intervention militaire » sur la Grande-Ile. Lâché par la Comesa et la SADC, sans soutien international, le président évincé doit dorénavant se soumettre aux négociations pacifiques.
Prochaine étape des pourparlers
Dimanche, l’émissaire des Nations Unies a expliqué que la prochaine étape était d’amener les dirigeants de chaque mouvance politique à participer aux pourparlers. « Il y a déjà un accord sur le principe » de la part des protagonistes, a affirmé, Tiébilé Dramé. Reste que pour l’instant, la date de ces discussions, qui devraient avoir lieu en dehors de Madagascar, n’a pas été précisée. Car, hormis le chef de la HAT et Albert Zafy, Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka, les autres anciens présidents malgaches, sont en exil à l’étranger.
Par sa position, la SADC a compromis les desseins de Marc Ravalomanana qui comptait sur son appui pour revenir au pouvoir. Lors des prochaines négociations, les quatre hommes forts de la scène politique malgache n’auront plus d’alternative et devront se plier au dialogue politique, souhaité par la Communauté internationale.