Le PAM alerte sur la sécheresse en Afrique australe, menaçant des millions de personnes d’une crise alimentaire majeure, exacerbée par El Niño.
Alors que la période de soudure débute en Afrique australe, des millions de personnes se trouvent en proie à une crise alimentaire sans précédent. Face à cette situation alarmante, le Programme alimentaire mondial (PAM) tire la sonnette d’alarme et appelle à une aide internationale urgente pour prévenir une véritable catastrophe humanitaire. Quels sont les enjeux de cette crise ? Quelles solutions peuvent être envisagées ? Décryptage.
Une sécheresse dévastatrice amplifiée par El Niño
Le phénomène climatique El Niño a frappé durement l’Afrique australe, provoquant des mois de sécheresse dans une région où plus de 27 millions de personnes dépendent de l’agriculture pluviale. Cinq pays – le Lesotho, le Malawi, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe – ont déjà déclaré des catastrophes nationales en raison de l’échec des récoltes et de la mort de nombreux animaux d’élevage. Des millions de personnes sont désormais confrontées à une période de soudure, c’est-à-dire l’intervalle entre la fin des stocks alimentaires et la prochaine récolte, qui s’annonce particulièrement difficile cette année.
Les conséquences de cette crise sont dramatiques pour les populations les plus vulnérables. Selon le PAM, 21 millions d’enfants souffrent déjà de malnutrition. Dans certaines régions, les familles peinent à offrir ne serait-ce qu’un repas par jour à leurs enfants. Le manque de nourriture et d’eau compromet non seulement la santé physique des enfants, mais aussi leur avenir, avec des impacts irréversibles sur leur développement.
Une réponse internationale indispensable, mais insuffisante
Pour faire face à cette crise, le PAM a commencé à distribuer des vies et à apporter un soutien logistique à plus de 6,5 millions de personnes dans les pays les plus touchés. Cependant, cette aide est freinée par un manque de financement criant. En effet, l’organisation n’a reçu qu’un cinquième des 369 millions de dollars nécessaires pour répondre aux besoins croissants des populations jusqu’en mars 2025.
« Si nous ne recevons pas de ressources supplémentaires, des millions de personnes risquent de traverser la pire période de soudure que l’on ait connue depuis des décennies sans recevoir d’aide », avertit Tomson Phiri, porte-parole du PAM pour l’Afrique australe.
Un avenir incertain sous l’effet du changement climatique
Au-delà de la crise actuelle, le changement climatique reste une menace permanente pour la région. La dépendance des communautés rurales à l’agriculture pluviale rend l’Afrique australe particulièrement vulnérable aux caprices du climat. Les scientifiques mettent en garde : la fréquence et l’intensité des sécheresses risquent d’augmenter dans les années à venir, exacerbant les problèmes d’insécurité alimentaire dans cette région déjà fragile.
Si aucune action internationale d’envergure n’est prise rapidement, des millions de personnes pourraient sombrer dans une pauvreté encore plus extrême. En plus de la faim, les populations doivent également faire face à la flambée des prix des denrées alimentaires et à l’effondrement des infrastructures énergétiques, comme en Zambie, où la sécheresse a provoqué des coupures de courant prolongées.
L’appel à l’aide du PAM résonne comme un cri d’alarme : sans un effort global et coordonné, la crise alimentaire pourrait se transformer en une catastrophe humanitaire d’une ampleur sans précédent dans la région.