Serge Girard traverse actuellement l’Afrique en courant. Parti de Dakar (Sénégal), le 2 octobre dernier, il atteindra le Caire (Egypte), sa destination finale, après un périple de 8 000 km. A mi-parcours, l’athlète français, joint par téléphone au Niger, fait le point sur cette aventure sportive inédite dénommée Trans Africa.
Jeudi 15h04 TU, Serge Girard est à 65 km au nord de Birkou, dans le Nord-Est du Niger et à 450 km de la frontière libyenne. Le coureur vient de sortir du désert du Ténéré et a déjà parcouru depuis Dakar (Sénégal) 4 660 km des 8 000 prévus sur le sol africain. Une équipe de six personnes accompagne l’athlète français qui n’en est pas à son premier exploit. Le projet baptisé Trans Africa lui a valu près d’un an de préparation. En Afrique, Serge Girard réalise, à 50 ans, une partie de son rêve : traverser en courant les cinq continents. L’aventure sportive devrait s’achever entre le 2 et le 3 février 2004.
Afrik : Vous avez déjà traversé les Etats-Unis, l’Australie et l’Amérique du Sud. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en Afrique?
Serge Girard : La première grande difficulté, c’est que je n’ai pas effectué de reconnaissance. J’ai par exemple eu quelques soucis dans le nord du Mali où certaines pistes signalées sur les cartes n’existaient plus. Deuxième difficulté : j’ai sous-estimé la chaleur alors que depuis le début de ma course les températures excèdent les 40 degrés. Enfin, je viens de finir la traversée du désert du Ténéré et la progression dans le sable est toujours difficile pour un coureur.
Afrik : Comment se déroule une journée type de Serge Girard ?
Serge Girard : Je me réveille à 5h30, je prends mon petit déjeuner et à 6h15, j’entame la course qui s’achève entre 13 et 15 h selon mon état physique et l’intensité de la chaleur. Je cours en moyenne 68 km par jour. Après la course, j’ai une séance de massage de 20 minutes. Je me couche très tôt, aux environs de 19h, parce que j’ai besoin d’un maximum de repos.
Afrik : Ce que vous faites en ce moment, c’est du sport ou de l’aventure ?
Serge Girard : C’est avant tout du sport parce que cela demande de l’entraînement mais c’est aussi une aventure car je traverse le continent africain.
Afrik : Comment vous alimentez-vous ?
Serge Girard : Pour soutenir un effort comme le mien en ce moment, il faut un apport journalier de 8 000 calories. Pendant la course, je me nourris toutes les vingt minutes de matières solides et liquides. Je consomme en moyenne 10 à 15 litres d’eau par jour. Le soir, je prends un vrai repas à table.
Afrik : Quelle est la réaction des gens dans les villes que vous traversez ?
Serge Girard : En général, on évite les villes. Par ailleurs, depuis le Niger, on ne rencontre pas grand monde notamment dans le désert. Les gens sont un peu surpris. Je ne suis pas certain qu’ils comprennent ce que je fais. Quand on le leur explique sommairement car je n’ai pas le temps de le faire quand je cours, ça ne leur dit pas grand-chose de savoir que nous venons de Dakar tout simplement parce qu’ils ne savent pas où c’est. Néanmoins, ils sont impressionnés de savoir que j’ai traversé le désert du Ténéré.
Afrik : Et vous, qu’est-ce-qui vous a impressionné en Afrique depuis le début de votre aventure sportive ?
Serge Girard : Le désert du Ténéré, c’est quelque chose qui marque l’esprit. C’est une expérience vraiment magique. C’est un moment de déconnexion totale.
Afrik : Vous avez 50 ans. Ne trouvez-vous pas que vous soumettez votre corps à rude épreuve ?
Serge Girard : Vous insinuez que je suis vieux et que les vieux ne doivent pas faire de l’exercice (rires) ?! Plus sérieusement, les sports d’endurance sont généralement pratiqués par des gens d’un certain âge souvent au-delà de 40 ans. Je suis presque, en réalité, un jeune dans la profession.
Afrik : Comment comptez-vous passer les fêtes de fin d’année ?
Serge Girard : Pour les fêtes de Noël nous serons en Libye et dans ce pays on ne les célèbre pas. Quand on est à Paris, c’est une vraie préoccupation mais là on ne se pose pas vraiment la question. Nous avons tout de même prévu 2 ou 3 bouteilles de champagne. Peut-être qu’on ouvrira une bouteille mais de toute façon je ne peux pas en boire !
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