Il existe une catégorie de produits chimiques toxiques appelés BTEX (Benzene, Toluene, Ethylbenzene, Xylenes) qui ne sont pas détectables par les appareils traditionnels d’analyse comme le spectromètre de masse, lorsque se produit un sinistre écologique. Cela amène les scientifiques à envoyer l’échantillon dans un laboratoire pour déterminer s’il y a lieu d’évacuer le secteur. Cette disposition occasionne un délai de 24 heures pour donner ses résultats. Docteur Koffi Badjagbo, un Africain de la diaspora, Professeur de chimie analytique à l’Université de Montréal au Canada, vient d’inventer une méthode qui permet de détecter ces BTEX en un temps record, en cas de déversements accidentels de gaz toxiques dangereux dans l’espace.
Ce nouveau procédé d’analyse directe en temps réel de polluants organiques est une véritable innovation. Selon les spécialistes du domaine de la sciences analytique, il va aider à se prémunir d’inhalation de polluants mortels et, en cas de catastrophe, à sauver des vies humaines. C’est à juste titre que l’innovation est saluée à travers le monde de la sciences pour la marge de diligence qu’il peut offrir aux décideurs politiques, leur permettant de minimiser les dégâts chez les hommes et les végétaux exposés à la contamination par ces gaz, jusqu’à une période récente, difficiles à détecter en temps réel.
Quelques données scientifiques
Les BTEX produisent des effets nocifs sur la santé humaine et sur les végétaux. Leur analyse en temps réel, dans l’air ambiant, est essentielle pour détecter rapidement si un danger est associé à leur émission. La méthode est basée sur la technique d’échantillonnage direct de l’air couplée avec la spectrométrie de masse en tandem, utilisant une source d’ionisation chimique à pression atmosphérique (APCI-MS/MS). Une nouvelle méthode APCI-MS/MS a été également développée et validée pour l’analyse directe de l’octaméthylcyclotetrasiloxane (D4) et du décamethylcyclopentasiloxane (D5) dans l’air et les biogaz. Le D4 et le D5 sont des siloxanes cycliques volatils largement utilisés comme solvants dans les produits de consommation à la place des composés organiques volatils précurseurs d’ozone troposphérique. L’analyse de ces siloxanes dans un biogaz s’avère essentielle pour déterminer si le biogaz nécessite une purification avant son utilisation pour la production d’énergie”.
L’enseignant africain de chimie anlytique et envoronnemental a occupé, courant 2010, la une de plusieurs revues scientifiques en Amérique du Nord ( Etats-Unis, Canada ). Dans ces publications, un accent particulier est mis sur la nécessité de se prémunir des conséquences parfois désastreuses des catastrophes écologiques, des pollutions urbaines et des contaminations chimiques diverses. Il a consigné ses travaux dans un livre de 248 pages intitulé : « Analyse Directe de Trace de Polluants Atmosphériques » publié chez Editions Universitaires Européennes.
L’air ambiant tue
Docteur koffi Badjagbo explique comment les gaz émis par les pots d’échappement des vieux véhicules et les égouts mal entretenus polluent et tuent, particulièrement dans les centres urbains africains. Le chercheur cite le cas spécifique de « Dékon » un quartier populaire de la capitale de son pays d’origine, le Togo. Dans cette agglomération insalubre située en plein coeur de Lomé, et excessivement polluée à cause de la prolifération des taxis motos polluants, des immondices ménagères et de la surpopulation, il a été découvert que les habitants développent de fréquentes maladies cardio-vasculaires et certains types de cancers qui écourtent considérablement leur vie. Ce cas de pollution à l’extrême, loin d’être unique, est courant dans les capitales africaines où s’entassent dans l’atmosphère des gaz toxiques de toutes provenances, sans que les autorités compétentes prennent des mesures en vue d’endiguer le mal.
Devant cette situation de plus en plus préoccupante, le chimiste afro-canadien tire la sonnette d’alarme. Il propose que la question de la pollution en Afrique subsaharienne soit inscrite par les gouvernants à l’ordre des questions de santé publique : la qualité de l’air que nous respirons, l’environnement dans lequel nous vivons, dit le scientifique, sont des facteurs qui influencent l’espérance de vie, laquelle varie entre 45 et 55 ans dans la plupart des pays africains, alors qu’elle est de l’ordre de 80 à 85 ans au Québec par exemple.L’air contaminé tue dans nos villes, d’où la nécessité pour les pouvoirs publics de le soumettre à des analyses ciblées régulières, par des méthodes performantes du genre de celle mise au point par Docteur Badjagbo, certifiee et déjà en usage dans les pays développés.
Si utile, si loin !
Jeté sur le chemin de l’exil il y a une dizaine d’années, Badjagbo est l’un de ces innombrables cerveaux africains qui ont fui l’incertitude, le désespoir et parfois la mort pour s’installer à l’étranger où il constituent des mines d’or enrichissantes, à défaut de leurs pays d’origine, pour ceux qui les ont adoptés. Il rapporte l’existence entre 2007 et 2009 d’un projet de coopération entre l’université de Montréal et l’université de Lomé, projet qui devrait permettre au Togo d’engager un plan de lutte contre la détérioration rapide de son environnement. Cette initiative canadienne que Dr Badjagbo a fortement encouragée pour aider son pays d’origine a été enterrée à Lomé par les autorités de l’Education Nationale du Togo.
La raison? Dr Badjagbo affirme, non sans indignation, que les autorités de Lomé ont été mécontentes de n’avoir pas reçu de la délégation québécoise une réponse satisfaisante à une question de routine devenue la règle dans les administrations africaines : « qu’est-ce que nous on va gagner dans tout ça ? ». Les habitudes de la Maison-Afrique ont la vie dure. Décidément !