Le succès des efforts du continent africain visant l’instauration d’une éducation de base universelle et obligatoire a mis à jour un nouvel enjeu aussi important avec le développement de l’enseignement secondaire.
Les pays africains progressent dans la réalisation du volet éducatif des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui prévoit l’instauration de l’éducation primaire pour tous (EFA) d’ici l’année 2015, le taux d’inscription scolaire a connu une progression notable, en passant de 73 pour cent, en 1990, à 93 pour cent en 2004, tandis que le taux dit d’achèvement primaire a également connu une amélioration de 49 à 62 pour cent.
Ce succès s’est traduit par un défi plus important au niveau de l’enseignement secondaire où le taux d’inscription scolaire du continent africain demeure modeste, soit 30 pour cent, un taux bien en-dessous de la moyenne mondiale qui est de 60 pour cent. La conférence des partenaires de l’éducation, conjointement organisée par la Banque mondiale et l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), qui se tient présentement dans la capitale ghanéenne, tente de relever ce défi.
Une phase décisive du processus
Intitulée « Conférence sur l’éducation secondaire en Afrique » (SEIA), cette rencontre de trois jours est la troisième édition d’une série inaugurée en 2003 à Kampala, en Ouganda, le Sénégal prenant ensuite le relais en 2004 pour promouvoir la transformation de l’éducation secondaire en Afrique.
« Nous abordons une phase décisive du processus et nous serons confrontés à des défis majeurs », a déclaré le secrétaire exécutif de l’ADEA, Mamadou Ndoye, à l’ouverture de la conférence qui se tient en présence de 280 délégués.
Il a ensuite estimé que la demande de services d’enseignement secondaire sera encore plus importante, tout en expliquant que sur les 95 millions d’élèves en âge de s’inscrire dans l’enseignement secondaire, seuls 25 millions étaient scolarisés.
M. Ndoye a estimé qu’il faudra relever de considérables défis pour toucher tout le monde, citant au passage plusieurs enjeux, notamment la mobilisation des ressources financières pour améliorer le taux de scolarisation dans l’enseignement secondaire, qu’il s’agit de prendre en charge sans pour autant ignorer l’éducation de base.
Pour le responsable de l’ADEA, d’autres problèmes méritent également un examen, en particulier celui de la nécessité d’une réforme du système actuel appliqué au niveau de l’enseignement secondaire afin de tendre vers un nouveau modèle plus rentable et plus efficace, la mise sur pied de partenariats pour faciliter la mobilisation des ressources et établir le dialogue avec les partenaires au développement dans le but de renforcer l’aide à l’enseignement secondaire.
Dans son intervention, Yaw Ansu, directeur du département « Développement humain » de la région Afrique de la Banque mondiale, a abondé dans le même sens. « La demande de services d’enseignement secondaire (en Afrique) progresse plus rapidement que l’enseignement secondaire lui-même et même plus rapidement que partout ailleurs dans le monde », a indiqué le fonctionnaire de la Banque mondiale, ajoutant que pour assurer la durabilité des avancées enregistrées dans l’éducation primaire, il convient de développer l’enseignement secondaire.
Ne pas former les élèves pour les marchés étrangers
Justifiant la priorité donnée à l’éducation secondaire, M. Ansua a affirmé qu’il importe que l’Afrique réalise sa forte ambition de devenir compétitive dans l’économie mondiale, étant donné que l’éducation secondaire est généralement considérée comme une base critique pour rendre disponible cette main-d’œuvre indispensable au développement national.
A ce sujet, il a cité l’amélioration de l’efficacité et l’accélération de la croissance économique au nombre des mesures susceptibles de permettre le renforcement de la croissance et le développement de l’enseignement secondaire en Afrique. « Les pays africains consacrent, grosso modo, le même pourcentage de leur PIB que les pays asiatiques à l’enseignement secondaire, mais le résultat est très différent en raison de la meilleure efficacité et la croissance économique plus rapide en Asie », a-t-il déclaré.
Pour sa part, la représentante de l’UNESCO, Ann-Therese Ndong-Jata, a mis en garde contre le risque de voir la qualité sacrifiée sur l’autel de la quantité.
« Parallèlement au développement de l’enseignement secondaire, nous ne devons pas nous contenter de nous arrêter sur le nombre d’élèves, mais également sur la qualité de l’enseignement et prendre en considération nos particularités, de telle sorte que nos élèves ne soient pas formés pour les marchés étrangers au continent », a-t-elle relevé.
Le directeur de la Banque mondiale pour le Ghana, Mats Karlsson, estime que l’Afrique dispose de tous les atouts pour réussir à réellement transformer son enseignement secondaire.
Faisant un parallèle avec la rapide croissance de la téléphonie mobile en Afrique avec une progression de 4 à 24 pour cent en quatre ans, M. Karlsson a fait observer qu’il convenait de faire de telle sorte que ce « dynamisme touche d’autres secteurs; il s’agit d’une ambition réaliste possible qu’il nous faut donc concrétiser »