C’est à l’instar d’une quarantaine d’autres chefs d’Etat ou de gouvernement africains que le Premier ministre gabonais, Julien Nkoghé Békalé, est arrivé avant-hier à Sotchi, célèbre station balnéaire estivale russe, située au bord de la mer Noire, notamment connue pour avoir accueilli les JO d’hiver en 2014, ainsi que le rapporte l’Agence Equateur. Il y représente naturellement le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo, dont l’état de santé ne permet pas ce type de déplacements internationaux.
Le premier sommet Russie-Afrique, qui se tient les 23 et 24 octobre 2019 dans cette ville, est le premier du genre, et rejoint dans la liste des grandes messes diplomatiques les désormais traditionnels sommets Afrique-France et Afrique-Chine, dont les suites économiques sont à chaque fois importantes, et dont l’organisation rythme les rapports entre les pays du continent et leurs principaux partenaires économiques et politiques.
La Russie revient ainsi par la grande porte dans le jeu politique et économique africain, et le Président russe, Vladimir Poutine, a fixé dans son discours d’ouverture son ambition : voir les échanges entre Russie et Afrique multipliés par deux, cette année. Une ambition à laquelle le Gabon est tout prêt à concourir, dès lors que cette croissance reposera sur des relations économiques paritaires, équilibrées, compatibles avec un développement durable et inclusif du pays, ainsi que le Premier ministre gabonais, Julien Nkoghé Békalé, l’a clairement développé. Il ne s’agit pas de « poser des conditions » mais « d’assurer les fondations » sur lesquelles pourront se construire des rapports équitables et profitables entre les deux pays. Une partition précisément inspirée par Ali Bongo, Président gabonais en exercice, dont Julien Nkoghé Békalé tenait ainsi à souligner qu’il ne s’écartait pas d’un millimètre.
Au demeurant, cette première grande sortie internationale du Premier ministre gabonais, presqu’un an après son arrivée à la Primature, lui a permis de donner la mesure de sa forte personnalité. « Il n’est pas passé inaperçu à Sotchi », rapporte à Afrik.com un diplomate africain appartenant à la délégation d’un autre pays d’Afrique centrale. « Il force le respect parce qu’il a, disait un journaliste allemand, l’humiiité de la compétence ».
De quoi apporter à Vladimir Poutine une réponse pas si éloignée de celle qu’il attendait pour ce « premier » Sommet Russie-Afrique : il n’y a plus de tabous en termes d’échanges commerciaux et d’investissements industriels. La Russie est un partenaire comme un autre, ni plus dangereux ni plus proche que la France ou la Chine.
L’économie mondiale ne peut plus se payer le luxe de multiplier les barrières, et les pays qui s’engagent dans cette voie, comme les Etats-Unis de Trump, font courir de réels risques à la croissance économique mondiale. La Russie s’ouvre, dans une logique de partenariat gagnant-gagnant, où les pays du continent africain pourront trouver de nouvelles opportunités. C’était le sens du premier Sommet de Sotchi, qui sera assurément suivi de beaucoup d’autres…