Le premier long métrage du Franco-sénégalais Alain Gomis est une quête de l’identité. » L’Afrance » est l’autre France, celle que l’on montre trop peu, celle des illusions perdues. Et aussi un combat pour la dignité. Histoire d’un Sénégalais qui se cherche.
Dans le cadre des rencontres internationales de cinéma qui ont lieu au Forum des Images à Paris du 31 octobre au 11 novembre, » L’Afrance « , premier long métrage d’Alain Gomis, a été présenté hier. El Hadj est le personnage principal du film. Tout tourne autour de lui. De lui et de ses convictions. El Hadj est sénégalais. Il est arrivé en France il y a six ans pour y faire ses études. Juste pour faire ses études et puis retourner chez lui. Chez lui, au Sénégal. Car ce qu’il veut, c’est participer au développement de son pays en y enseignant l’histoire. Celle du Sénégal et de sa colonisation. Mais lorsqu’il se retrouve en situation irrégulière suite à un retard de six jours pour le renouvellement de sa carte de séjour, tout bascule. El Hadj n’est plus sûr de ses choix.
Déracinement et doute
» L’Afrance » est extrêmement bien filmé et nos yeux se régalent d’images surprenantes. Celle, par exemple, d’un visage de femme filmé à travers le rideau formé par l’eau qui coule d’une bassine sur sa tête. Ou celle de deux corps, l’un blanc et l’autre noir, qui se rencontrent et s’aiment. La construction du personnage d’El Hadj se fait par touches, par extraits d’univers auxquels appartient le héros. Car El Hadj n’est pas un personnage lisse, aux contours nets. Il porte en lui les contradictions que tout homme connaît. Et petit à petit, il se l’avoue. Dans la douleur.
El Hadj est partagé entre deux pays. Le Sénégal et la France. Partagé aussi entre deux destins de vie. Rentrer ou rester. Là bas, sa famille et sa promise l’attendent. Mais est-ce toujours chez lui ? Ici, il sera toujours un étranger, mais c’est quand même sur ce sol qu’il s’est construit et qu’il a rencontré Myriam. Alors, que faire ? Avant, il n’hésitait pas à répondre, mais aujourd’hui qu’il est mis devant le fait accompli, ses certitudes vacillent. Mais rester n’est-ce pas se trahir et trahir les siens ? » L’Afrance » est donc le douloureux combat d’un homme mis face à ses idées. Face à lui-même. Une lutte filmée avec talent.
Le film a déjà reçu le Léopard d’argent du meilleur premier film au dernier festival de Locarno (France) et le Bayer d’or du meilleur film au festival de Namur. Sortie en France en février.