L’affaire du viol présumé de Felix Sixtine fait trembler la jet set de Casablanca


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violences faites aux femmes
Violences faites aux femmes

Viol présumé de Felix Sixtine : le procès qui fait trembler la jet set de Casablanca
Une avocate française de 27 ans accuse trois héritiers de grandes fortunes marocaines de viol collectif. Felix Sixtine a porté plainte contre Kamil Bennis, M’hamed Alj et Saâd Slaoui pour l’avoir droguée, séquestrée et violée lors d’une soirée privée à Casablanca le 21 novembre 2024. L’affaire, qui secoue l’opinion publique marocaine depuis plusieurs semaines, révèle les tensions au sein de l’élite casablancaise.

Dans son entretien accordé au site Le360, Felix Sixtine livre un récit détaillé des événements. Invitée par son fiancé, elle décrit une soirée qui commence sans incident particulier. « Mes souvenirs s’arrêtent lorsque tout allait très bien. Je suis assise sur un canapé, je discute avec une copine, Amine est à côté de moi, il me propose un burger… Puis je me réveille en n’ayant plus aucun souvenir. » Son témoignage évoque une perte totale de contrôle et une confusion profonde au réveil, suggérant l’usage possible de substances incapacitantes.

Face à ces accusations, la défense met en avant des témoignages suggérant des actes consensuels et souligne ce qu’elle considère comme des incohérences dans le récit de la plaignante. Felix Sixtine maintient sa version : « Mon témoignage n’a pas changé. Ce qui peut paraître incohérent, ce sont les informations que je découvre au fur et à mesure. Mais ce dont je me souviens, je l’ai toujours dit avec cohérence. »

Le procès fait la une des journaux marocains, et cette médiatisation intense pèse sur la plaignante. Dans son entretien au Le360, Felix Sixtine confie : « L’acharnement et le fait que mon identité soit dévoilée ont été très violents pour moi. C’est impossible de se reconstruire pendant un procès aussi prenant. »

Un dossier sous haute tension

L’affaire connaît un nouveau rebondissement avec l’interpellation récente de Mohamed Amine Naguib, fiancé de Felix Sixtine et cadre influent de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Arrêté à l’aéroport Mohammed V de Casablanca à son retour de Paris, il est accusé d’avoir violé le secret de l’instruction en diffusant un enregistrement audio de son audition par le juge d’instruction. Dans cette note vocale, ses propos virulents envers l’avocate de la défense et ses critiques du système judiciaire ont encore attisé les controverses alors qu’il a retiré sa plainte à l’issu de cet échange.

Ce combat judiciaire résonne particulièrement dans un pays où les violences faites aux femmes demeurent une réalité préoccupante. Selon le Haut-Commissariat au Plan du Maroc, 57% des Marocaines ont subi au moins une forme de violence au cours de leur vie.

Face à ces chiffres alarmants, l’affaire Felix Sixtine devient le symbole d’une lutte plus large pour les droits des femmes dans une société en pleine mutation. Ainsi, malgré les obstacles, la jeune avocate explique au Le360 son choix de porter plainte au Maroc : « Si je n’avais pas foi dans le système judiciaire marocain, je n’aurais pas déposé plainte ici. Au contraire, je crois totalement dans l’intégrité de ses institutions. » Cette démarche, selon elle, vise à obtenir justice non seulement pour elle-même, mais aussi pour d’autres victimes potentielles.

Un combat emblématique

L’affaire Felix Sixtine s’inscrit dans la lignée des luttes féministes qui ont marqué l’histoire récente du Maroc, rappelant notamment le combat victorieux des Soulaliyates, ces femmes qui ont obtenu la reconnaissance de leurs droits fonciers traditionnellement réservés aux hommes. Elle illustre l’émergence d’une nouvelle génération de femmes déterminées à faire valoir leurs droits, défiant les structures patriarcales établies.

Au-delà du verdict attendu dans les prochaines semaines, cette affaire a contribué à briser le silence autour des violences sexuelles et à questionner les privilèges de classe dans le système judiciaire marocain.

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