L’abandon de bébés, pratique légale dans certains pays et sous des conditions strictes pour limiter le nombre d’enfants par famille, est formellement proscrite sur l’ensemble du territoire camerounais. Mais cette pratique devient récurrente dans ce pays d’Afrique Centrale.
Il ne se passe plus un mois sans qu’on enregistre un cas de rejet de nouveau-né, soit dans un bac à ordures, en bordure de route ou dans une rigole. Et chose curieuse, les auteures de ces actes dont l’âge varie entre 16 et 20 ans, sont des jeunes élèves et étudiantes. Tenez-vous bien, certaines ne sont pas à leur première expérience. Lorsqu’elles sont dévoilées et mises aux arrêts, elles disent toujours que le garçon à l’origine de la grossesse a pris la poudre d’escampette.
Voilà alors la jeune fille abandonnée à elle-même. Et si par malheur, ses parents ne sont pas nantis, alors le pire ne peut que se produire. Il arrive des moments où le bébé est retrouvé vivant, dans ce cas, il est remis au ministère des Affaires sociales qui se chargera de le confier à un orphelinat. Mais aussi, assez souvent, le nouveau-né est retrouvé sans vie.
La question, aujourd’hui, est de savoir pourquoi porter le fœtus pendant neuf mois, supporter les douleurs lors de l’accouchement, puis au lieu de s’occuper du nouveau-né, même en l’absence du garçon à l’origine de la grossesse, on fait souffrir l’être innocent issu de ses entrailles ? Cela laisse croire que les progrès réalisés en matière de contraception, n’ont pas mis fin à tous les drames individuels ou les situations complexes qui poussent des mères à poser de tels actes.
Les situations d’abandon, qu’elles soient vécues en milieu familial ou en institution, sont responsables de troubles graves de l’attachement qui évoluent dans le temps. Lorsqu’une mère habituellement seule, élève un ou plusieurs enfants dans des conditions socioaffectives et socio-économiques difficiles, elle est très exposée à poser des actes de détresse. D’om la récurrence des cas d’abandons d’enfant au Cameroun.
En lieu et place de vivre des scènes macabres dans nos cités et villes, au point de commettre des infanticides, il serait louable, pour les jeunes filles se trouvant dans cette situation, d’accoucher, puis de remettre son bébé à un orphelinat de son choix où elle pourra, même à pied s’y rendre afin de s’enquérir de l’évolution de l’enfant qui pourrait être, par la force de la nature, un leader demain.